L'abécédaire du G20 du 2 avril 2009

Afrique. Plusieurs chefs d'États africains se sont ouvertement plaints de ne pas être représentés au G20. Ce n'est qu'à moitié exact puisque l'Afrique du Sud participera au sommet de Londres. La France a néanmoins ?uvré en coulisses pour que le continent africain soit mieux représenté. Le président de la commission de l'Union africaine, le Gabonais Jean Ping, et le président du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), le Premier ministre éthiopien, Mélès Zenawi, sont finalement associés au sommet. Agenda. Les leaders du monde se retrouvent à Excel, un gigantesque centre des congrès sans âme excentré à l'est de Londres. Cinq cents officiels et 2.200 journalistes sont attendus. La journée commence ce 2 avril à 8?h?25 très précisément (7?h?25 heure locale), avec Gordon Brown recevant Barack Obama. Après un petit déjeuner et une photo de famille, la session plénière débute à 11?h?20. A 16?h?30, Gordon Brown, en tant qu'hôte, donnera une conférence de presse de clôture, suivie par de multiples conférences de presse des autres leaders. Barack Obama. Le président américain entame sa première sortie internationale, avec une tournée de cinq pays en six jours. Reçu hier soir par la reine, le président des États-Unis sera au centre des négociations aujourd'hui. Demain, il s'envolera pour Strasbourg, en France, et pour Kehl et Baden-Baden, en Allemagne, pour le 60e anniversaire de l'Otan. Il y rencontrera Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Dimanche, il continuera vers la République tchèque, où se déroule un sommet entre les États-Unis et l'Union européenne et il terminera enfin sa tournée par une visite en Turquie. FMI. C'est quasiment acquis : les ressources du FMI seront doublées, soit 250 milliards de dollars supplémentaires. Les pays riches sont prêts à accorder davantage de place aux grands pays émergents (Chine, Brésil, Inde, Mexique?) au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Le FMI pourrait ainsi accélérer la hausse programmée des droits de vote des pays émergents au sein de son conseil d'administration. Frictions. L'annonce d'un nouveau plan de relance conjoint a été écartée, mais cela reste un sujet de disputes entre Européens et Américains. Barack Obama l'a répété hier : « les États-Unis n'ont pas l'intention d'agir seuls. » Le Premier ministre Japonais, Taro Aso, a de son côté attaqué l'Allemagne, estimant qu'Angela Merkel « ne comprenait pas la situation ». L'une des idées pour rapprocher les deux camps est un fonds de soutien au commerce mondial de 100 milliards de dollars, proposé par Gordon Brown. Mais l'idée n'a pour l'instant pas reçu un soutien généralisé. Gordon Brown. Le Premier ministre britannique joue gros. Au plus bas dans les sondages, l'hôte du G20 veut absolument obtenir du concret aujourd'hui pour tenter de redresser sa popularité. Ce grand spécialiste de l'économie et des institutions internationales n'a pas ménagé ses efforts, terminant la semaine dernière avec une tournée mondiale, passant par le Parlement européen à Strasbourg, les Nations unies à New York et l'Amérique latine, avec le Brésil et le Chili. Liste noire des paradis fiscaux. La publication d'une liste noire des territoires non coopératifs en matière de lutte contre l'évasion fiscale n'est pas acquise. La Chine, hostile à toute forme d'ingérence intérieure, n'y serait pas favorable. D'autant que plusieurs territoires asiatiques, comme Hong Kong ou Singapour, pourraient y figurer. La France pousse en fait pour la publication de plusieurs listes. Une première pour les pays ne luttant pas activement contre le blanchiment, une deuxième pour les États peu coopératifs en matière de délit financier, une troisième enfin recensant les territoires non coopératifs en matière de lutte contre l'évasion et la fraude fiscale. Paris souhaite également que le G20 s'engage sur des sanctions contre ces territoires. Manifestations. La Banque d'Angleterre était, bien malgré elle, au c?ur des mouvements altermondialistes hier. C'est le lieu où la principale manifestation s'est déroulée, ne rassemblant cependant que 4.000 personnes malgré un soleil radieux à Londres. Loin, très loin des 200.000 personnes que les organisateurs espéraient? Les manifestations ont été essentiellement calmes, malgré quelques échauffourées, une vitrine de Royal Bank of Scotland cassée et une vingtaine de personnes arrêtées (photo). Il est donc très improbable aujourd'hui de voir de grands défilés, d'autant que les principales actions étaient organisées hier. Néanmoins, au moins sept groupes ont annoncé qu'ils allaient tenter de s'approcher du centre Excel. Régulation. La nouvelle régulation du système financier est au c?ur des débats, avec encore d'importants désaccords ? ou au moins des flous ? sur les points clés. Tous acceptent que le « système bancaire parallèle » (hedge funds, private equity?) soit désormais encadré. Mais la définition de l'encadrement reste à définir. Sur les normes comptables en particulier, Américains et Européens ne s'entendent pas. Rémunération des traders. Un consensus semble se dessiner sur un meilleur encadrement de la rémunération des traders. Objectif : réduire les prises de risques capables de menacer la stabilité financière de la banque pour laquelle travaillent les traders. Une véritable révolution dans le monde de la finance où la part variable liée aux résultats ? les bonus ? représente souvent l'essentiel de la rémunération. Sécurité. Scotland Yard a mobilisé 84.000 « heures policières » pour assurer la sécurité des délégations du G20 pour un coût total de 8 millions d'euros. Le centre Excel est entouré de plusieurs niveaux de barrage et de cordons de police. Les consignes pour entrer dans le centre sont très strictes : les journalistes, par exemple, ne peuvent pas conserver leur badge en sortant du centre. À cela s'ajoute une sécurité rapprochée des chefs d'État dans leurs mouvements. Quant à Barack Obama, il a essentiellement fait venir sa propre sécurité, avec son avion ? Air Force One ?, son hélicoptère personnel et la fameuse « bête », sa limousine blindée (photo) qui comprend canon à gaz lacrymogène, caméra de vision nocturne et réserves d'oxygène. Cette dernière résiste à une attaque chimique et même ? mais la Maison-Blanche ne confirme pas officiellement ? à une attaque de missile. Succès ? Personne ne croit sérieusement que Nicolas Sarkozy claquera la porte du G20 s'il n'obtient pas les résultats espérés. Pour la simple raison qu'il retrouvera une bonne moitié du G20 lors du sommet de l'Otan, le lendemain. Mais le président français souhaite des engagements concrets. Selon lui, le succès du G20 sera jugé à l'aune des résultats obtenus dans cinq domaines : la régulation des hedge funds, la rémunération des traders, les mesures prises contre les paradis fiscaux, la remise en cause des normes comptables élaborées par l'IASB et, enfin, la remise à plat du modèle économique des agences de notation. Xavier Harel et Éric Albert à Londresaf
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