Le Japon relance en trompe-l' ? il

Et de quatre : le Premier ministre japonais, Taro Aso, a annoncé mercredi un nouveau plan de relance pour stimuler l'économie de l'archipel. Ce sera le quatrième depuis août dernier, et sans doute le plus important. Son annonce intervient au moment où le pessimisme s'installe : l'indice trimestriel Tankan, qui mesure la confiance en l'avenir des grandes entreprises manufacturières au Japon, a subi une chute sans précédent de 34 points en mars, à ? 58 points contre ? 24 en décembre. Pour remonter la pente, Kaoru Yosano, ministre des Finances, a promis que le nouveau plan annoncé serait très ambitieux. Les trois premiers totalisent déjà 75.000 milliards de yens (600 milliards d'euros). Taro Aso a martelé cette fois : « Nous devons empêcher l'économie de s'effondrer, protéger l'emploi, et renforcer notre compétitivité. »projets inutiles Cette avalanche de plans rappelle la prodigalité de l'État japonais durant les années 1990 après l'éclatement de la bulle immobilière. Durant ce que les économistes appellent aujourd'hui la « décennie perdue », le gouvernement avait multiplié les coups de pouce budgétaires et les plans de relance, tous essentiellement consacrés à l'investissement. Si ces derniers avaient un effet certain sur l'activité, ils ont laissé des traces embarrassantes. Le pays s'est orné de projets pharaoniques inutiles, souvent offerts aux régions proches du pouvoir : ponts suspendus, immenses tunnels, aéroports sans avions? Mais les efforts du gouvernement actuel ne sont que la pâle copie des agissements de cette époque. priorité sur l'entrepriseLe temps où la manne généreuse des travaux publics soutenait l'activité est bien loin. L'ex-Premier ministre Junichiro Koizumi est parvenu à la tarir pendant son mandat (2001-2006). Les travaux publics ne représentent plus que 3,5 % du PIB (soit un plus-bas historique), contre 9 % il y a dix ans. Depuis la crise, Tokyo se montre pingre : le gouvernement n'a déboursé que 12.000 milliards de yens, soit 2 % de PIB. Les deux tiers de ces fonds soutiennent l'activité des entreprises, et un tiers la consommation. « Le Japon reste prisonnier de sa conception de l'économie, où l'offre prime toujours sur la demande. La priorité est sur l'entreprise, non sur le consommateur final », se désole un économiste. Cette myopie n'est jamais plus vraie qu'en ces temps de crise. Un chômeur est chichement traité au Japon. Selon le Bureau international du travail, 77 % des sans-emploi n'ont accès à aucune aide de l'État (contre 18 % en France). Ce sont eux, les oubliés des plans de relance. L'absence de protection sociale solide au Japon freine la consommation, accroissant la dépendance de l'économie de l'archipel aux exportations. Ce nouveau plan de relance corrigera-t-il la tendance ? Le gouvernement songe à alléger la fiscalité sur les donations pour susciter un transfert de richesses des plus riches, qui sont aussi les plus âgés, vers les plus jeunes?
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