« Ubisoft fera le jeu du film ? Tintin ? de Spielberg »

Yves guillemot, PDG d'UbisoftLe marché du jeu vidéo a fortement chuté en mars aux États-Unis. Est-il à son tour rattrapé par la crise ?Nous avons senti le ralentissement, surtout aux États-Unis. Mais le marché résiste. Après une croissance de 25 % en 2008, nous prévoyons une hausse de 5 % à 10 % cette année. L'industrie est entrée dans une phase d'installation des consoles. La Wii de Nintendo est toujours à 250 euros. Son prix pourra descendre jusqu'à 90 euros. Les chiffres de mars peuvent traduire une absence de nouveautés à un moment donné. Ce qui est sûr, c'est que l'industrie est devenue très concurrentielle. Avant, il n'y avait que quelques « blockbusters », aujourd'hui il y en a beaucoup plus. Il faut être dans le coup de l'innovation. À chaque génération de consoles, il y a un tri parmi les éditeurs, certains disparaissent. Avec des studios dans des pays à bas coûts comme la Roumanie, la Chine ou le Maroc, et dans des zones fiscalement intéressantes, comme le Canada ou maintenant à Singapour, nous sommes très compétitifs.Qu'est-ce que la Wii a changé ?Le jeu vidéo a conquis de nouveaux publics : les jeunes filles de 6 à 12 ans, qui sont arrivées par la DS de Nintendo et des jeux casual [simples], et les plus de 40 ans, qui ne jouaient pas parce que le jeu vidéo était trop difficile d'accès.Quelle est la tendance du marché ?Le jeu vidéo a élargi son univers. En premier lieu, vers la musique avec des jeux comme Guitar Hero ou Rockband. Cela pèse 1 milliard de dollars aux États-Unis. Vers le sport. Nous avons vendu un million d'unités de Mon Coach personnel (fitness). Nous allons lancer Your Shape, un nouveau jeu fitness qui fonctionnera avec une caméra 2D. De plus en plus, la tendance est d'oublier la machine. Le joueur a un écran, une caméra et communique avec ses mouvements. De nouveaux terrains vont s'ouvrir. Comme les jouets qui sont pour l'instant déconnectés.Vous allez lancer le jeu Avatar qui sortira en même temps que le film de science-fiction de James Cameron en décembre. Ubisoft ne préférait-il pas créer ses propres licences? ?Nous avons toujours fait des jeux avec Hollywood, mais nous limitons ce budget à 25 % de notre chiffre d'affaires. Avatar va nous coûter entre 20 et 30 millions de dollars, soit 10 % du budget du film. C'est notre premier jeu en relief (ou 3D) et en 2D. Chaque élément créé pour le film le sera aussi pour le jeu vidéo, conçu à Montréal. La convergence est une réalité aujourd'hui. Sur son écran, le consommateur accède pour un même univers [un personnage, une histoire] à un ensemble de contenus : films, musique et jeux vidéo. Pour Assassins, nous créons une série pour le Web, un livre et une bande dessinée. Cela nous permet de donner une profondeur à l'histoire. Pour nos « Web series » ? les premières sortiront en fin d'année ?, nous avons racheté Hybride, un studio qui a réalisé les effets spéciaux des films « 300 », et « Sin City », et qui est devenu Ubi Digital Arts.D'autres projets ?Nous sommes associés à Steven Spielberg qui va réaliser avec Peter Jackson une trilogie sur Tintin dont le premier opus est prévu fin 2011. Ubisoft sera chargé du jeu. Nous faisons aussi nos premiers pas dans le football avec Academy of Champions qui va sortir sur Wii.Où en est la participation d'Electronic Arts dans Ubisoft ?Entré il y a quatre ans, il possède aujourd'hui un peu moins de 15 % du capital. Nous n'avons pas de nouvelles supplémentaires.Propos recueillis par S. C.
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