chronique des tauxLe lancement par EDF d'une obligation pour les particuliers, rapportant 4,50 % l'an sur cinq ans est un signe intéressant. Depuis longtemps, en France, peu de particuliers détiennent des obligations en direct. Ils en possèdent surtout par l'intermédiaire de Sicav ou de contrats d'assurance-vie. Acheter des obligations en direct a pourtant de grands avantages. Premièrement, on sait ce qu'on achète, au lieu de confier ses fonds à un tiers. Deuxièmement, si on attend le terme, on sait combien on recevra et à quelle date, au lieu d'être soumis à l'aléa du marché. Tant que les marchés étaient porteurs et que la confiance régnait, les avantages de la gestion collective ? diversification des risques, accès à des émetteurs peu connus et possibilité de profiter de « prix de gros » ? l'emportaient sur les inconvénients. Mais, avec la crise, on se met à douter de tout, même du savoir-faire des gérants et de la qualité de leurs placements ! De plus en plus, les épargnants voudront maîtriser leur portefeuille, une tendance qu'EDF a bien sentie. Si le placement en direct d'obligations auprès des particuliers devient une pratique régulière, cela facilitera beaucoup le financement des entreprises connues du public. Il y aura aussi une prime à la proximité, c'est-à-dire un avantage pour les sociétés établies dans les pays où l'épargne est abondante. Primes à la notoriété et à la proximité sont des phénomènes qu'on voit déjà, alors même que l'investissement en obligations passe encore quasi entièrement par la gestion collective. Une société française connue du grand public, comme Lafarge, Pernod-Ricard ou telle ou telle société d'autoroutes, se finance plus facilement auprès des gérants français qu'un émetteur exotique et a fortiori qu'une structure de titrisation, même avec une bonne note d'une agence spécialisée. Tout cela est un frein à la mondialisation de la finance, déjà ralentie par ailleurs par l'intervention ciblée des États dans le sauvetage et la gestion des banques. nSi le placement en direct d'obligations auprès des particuliers devient une pratique régulière, cela facilitera beaucoup le financement des entreprises connues du public.Maurice de Boisséson (Octo Finances).

latribune.fr

13 Juin 2009, 1:40

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