Le débat sur la baisse des impôts s'envenime en Espagne en Espagne

ImpôtsFaut-il recourir à la hausse d'impôts pour faire face à un déficit public que les prévisions officielles elles-mêmes évaluent à 9,5 % du PIB pour cette année?? La question provoque la polémique en Espagne depuis la récente décision du gouvernement socialiste d'accroître la fiscalité sur les carburants et le tabac. Une mesure qui mettait brutalement fin à une période de « trêve fiscale » implicite?: depuis leur arrivée au pouvoir en 2004, les socialistes avaient emboîté le pas aux conservateurs sur la voie du « moins d'État », procédant notamment à un fort allégement de l'impôt sur le revenu (entré en vigueur le 1er janvier 2007) et qui incluait une baisse de trois points du taux marginal maximum. C'est également eux qui allaient supprimer, en juin 2008, l'impôt sur le patrimoine. « Baisser les impôts est de gauche », affirmait alors le président de l'exécutif, José Luis Rodríguez Zapatero, dans une phrase restée célèbre.resserrer l'étreinteMais la crise a changé la donne, et le gouvernement n'a désormais plus d'autre option que de resserrer l'étreinte fiscale dans le budget 2010 ? dont la préparation vient de commencer ? s'il veut tenir sa promesse de maintenir dans son intégrité le système de protection sociale face à la récession. Reste à voir quel sera l'instrument fiscal utilisé. La ministre de l'Économie, Elena Salgado, se montre réticente face à la requête du patronat, qui propose une hausse de la TVA, inférieure en Espagne à la moyenne communautaire. L'idée des entreprises étant de troquer cette hausse contre une baisse des cotisations sociales. Ces dernières sont en tout cas plus élevées que la moyenne européenne. La hausse de la TVA est également critiquée par la Banque d'Espagne, qui craint ses effets dissuasifs sur une consommation des ménages déjà atone.La position du gouvernement en la matière est d'autant plus difficile que sa stratégie est en fait conditionnée par la situation politique?: ne disposant que de la majorité relative au Parlement, le gouvernement a besoin d'appuis extérieurs, et sa politique fiscale déterminera en grande partie ceux auxquels il peut aspirer. Ainsi, il y a quelques jours, les socialistes parvenaient à un accord avec ex-communistes et écologistes sur une hausse des tranches les plus élevées de l'impôt sur le revenu ? accord que les mêmes socialistes rompaient quelques heures plus tard face à la menace des nationalistes catalans de refuser de soutenir le budget en cours de discussion.effet multiplicateurReste que la réalité a montré que la collecte fiscale évolue plutôt en fonction de la conjoncture économique que du niveau des taux d'imposition. Ainsi, entre 2001 et 2007, malgré le vent de « défiscalisation » qui soufflait sur le pays, la collecte a malgré tout augmenté année après année, passant de 33,5 % à 37,2 % du PIB, en raison de l'effet multiplicateur de la forte croissance sur le recouvrement fiscal. Un effet qui joue aujourd'hui à l'inverse?: la collecte s'est réduite à 32,8 % en 2008, année de récession. Thierry Maliniak, à Madrid
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