Emprunts d'État  : réévaluation en cours

Après avoir atteint des niveaux record en décembre, le marché obligataire a entamé une lente mais certaine correction. Le processus en cours, plus marqué aux États-Unis qu'en Europe, porte le nom barbare de « bear steepening », littéralement « pentification baissière ». Concrètement, les taux (qui évoluent en sens inverse du prix des obligations) des emprunts d'État sont orientés à la hausse. loin d'un krachLes tensions se font surtout sentir sur les échéances les plus longues. D'où une pentification de la courbe des taux (la représentation graphique des taux d'intérêt en fonction de la maturité des emprunts d'État correspondants) par le haut. « Il s'agit d'un phénomène plutôt atypique car les courbes de taux se pentifient en général principalement par le bas, sous l'effet des baisses de taux directeurs des banques centrales », commentent les stratégistes de marché de Natixis. Ainsi, aux États-Unis, en janvier, les rendements à 10 ans et à 30 ans ont respectivement progressé de 0,63 et 0,93 point à 2,84 % et 3,60 % en clôture vendredi soir. On est encore loin d'un krach obligataire. Mais, fait inhabituel, la correction s'est opérée dans un environnement macroéconomique et microéconomique très dégradé. Et en dépit de la chute des marchés boursiers et de la hausse de l'indice d'aversion au risque le plus regardé sur les marchés du crédit, l'iTraxx Crossover.Faut-il pour autant en conclure que le rally obligataire est terminé ? Si le marché de la dette publique a démarré le mois de février sur une note positive, à la faveur de statistiques économiques préoccupantes, les chances de revoir des taux à long terme aussi bas qu'en fin d'année dernière sont de plus en plus faibles. « On assiste à une réévaluation du couple rentabilité-risque sur les emprunts d'État », constate Yann Lepape, économiste chez Oddo Securities. En cause : la dégradation des finances publiques et l'afflux de bons du Trésor attendu. Selon les stratégistes de Morgan Stanley, le déficit budgétaire américain représentera 13,3 % du PIB en 2009 : un record. Quant à la dette totale rapportée au PIB, estimée à 83 % (48 % pour la dette négociable sur les marchés), elle retrouverait des niveaux proches de ceux des années 1950. Sophie Rolland
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