Après la grève du 29, le gouvernement exclut toute concession majeure

Comment montrer que l'on a entendu les inquiétudes de la rue sans donner le sentiment de reculer ? Tel est le dilemme auquel est confronté l'exécutif depuis que les syndicats ont réussi, le 29 janvier, leur pari en mobilisant entre 1 et 2,5 millions de personnes. En attendant l'intervention du chef de l'État jeudi soir, les membres du gouvernement soufflent, à tour de rôle, le chaud et le froid. Même si le froid prédomine?Dans le rôle du gardien du temple des réformes, François Fillon. En déplacement hier à Lyon, le Premier ministre a jugé « irresponsable » l'idée d'une relance par la consommation demandée par les syndicats. « Dans la situation de crise majeure dans laquelle nous nous trouvons, rien ne serait pire qu'un changement de cap ou une absence de décision », a-t-il ajouté dans « Le Monde ». Une fermeté dans la droite ligne de Luc Chatel qui, dimanche, opposait une fin de non-recevoir à l'une des principales revendications de la plate-forme syndicale, la suspension des suppressions de postes dans la fonction publique : « Il n'y aura pas de moratoire », tranchait, sur Radio J, le secrétaire d'État à l'Industrie et à la Consommation.D'autres membres du gouvernement ont pris soin de laisser la porte entrouverte et de faire preuve d'empathie. En premier lieu, Brice Hortefeux, soucieux de ne pas braquer les syndicats quelques jours seulement après avoir repris le portefeuille du Travail. Confirmant qu'une rencontre aurait lieu en février, sans en préciser la date, entre le chef de l'État et les partenaires sociaux, Brice Hortefeux a précisé qu'« aucun sujet n'est tabou ». Y compris d'éventuelles mesures de soutien à la consommation : « Nous sommes réactifs. Si les choses bougent, si les choses changent, nous saurons faire preuve de réactivit頻, a-t-il ajouté.mécontentement socialLes huit syndicats à l'initiative des grèves et des manifestations du 29 janvier se satisferont-ils de ces gestes d'apaisement ? Rien n'est moins sûr. Réunis hier soir en intersyndicale, ils exigent des réponses claires du chef de l'État à leurs demandes. Même s'ils sont prêts à lui laisser un délai avant d'organiser une nouvelle journée d'actions, ils ne se contenteront pas de la « pédagogie » et du « travail d'explication » auquel Nicolas Sarkozy va se livrer jeudi soir. À trop hésiter entre fermeté et empathie, l'exécutif prend le risque d'accroître le mécontentement social. Qui bénéficie, pour l'instant du moins, du soutien populaire. Agnès Laurent
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