L'autonomie des universités battue en brèche

Difficile numéro d'équilibriste pour Valérie Pécresse. Entre le mouvement universitaire qui se poursuit et la reprise en main affichée de ses dossiers par Matignon, la ministre de l'Enseignement supérieur peine à préserver l'esprit de sa loi sur l'autonomie des universités (loi LRU d'août 2007). « La sortie de crise correspond à une logique politique et est de nature à grignoter voire à affecter de manière décisive le dispositif », craint Philippe Dulbecco, président de l'université d'Auvergne. Les orientations du futur décret sur le statut des enseignants-chercheurs, esquissées lors des négociations de vendredi dernier (« La Tribune » du 28 février 2009), ôtent en effet aux présidents d'universités les prérogatives qui inquiétaient les enseignants-chercheurs en matière de modulation de services (entre enseignement et recherche) et d'évaluation. Or cette réforme est l'une des traductions concrètes de la loi LRU qui doit notamment octroyer à plus d'autonomie aux présidents d'universités en matière de gestion des ressources humaines. Donc, « à partir du moment où l'on met des bornes, cela équivaut à une forme de limitation du pouvoir », convient François Locher, chargé de mission communication à l'université Lyon I. seconde séance Un élément important dans les négociations en cours (la conférence des présidents d'universités doit être reçue ce midi pour une seconde séance avant les syndicats). Car, d'un côté, les présidents d'universités ne veulent pas concentrer tous les tirs (localisme, omnipotence?), de l'autre, ils ne veulent pas se voir déposséder de tous leurs pouvoirs, alors qu'ils sont déjà « bordés » par leur conseil d'administration.Car dans les faits, les 18 premières universités à être passées aux « compétences élargies » depuis le 1er janvier dressent un constat très mitigé et stigmatisent le manque de confiance de la machine administrative. « Le contrat quadriennal avec l'État n'a toujours pas été signé, quant aux ouvertures d'emplois, elles sont soumises à l'autorisation du rectorat », dénonce Gilbert Béréziat, ex-président de l'université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI). Idem pour l'approbation du budget. Pis, en attendant que l'autonomie se généralise (d'ici à 2012), la gestion des paies reste l'affaire de la Trésorerie générale qui facture ce service? 1,54 euro la feuille de paie. « Nous n'avons pas encore de lisibilité sur les marges de man?uvre dont nous disposerons à terme et sur le positionnement de la tutelle », estime François Locher, qui espère voir ces « contrôles a priori » muer en « contrôles a posteriori » et en finir avec ce régime de « liberté surveillée ». Clarisse Jayjacques demarthon/af
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