Le Kremlin revient à la charge contre Khodorkovski

La bête noire de Vladimir Poutine risque de voir sa peine de prison infligée en 2005 considérablement prolongée alors que sa libération était prévue pour 2011. L'oligarque déchu Mikhaïl Khodorkovski va refaire surface aujourd'hui à Moscou, pour se défendre contre de nouvelles charges après près de cinq ans passés derrière les verrous, dont trois dans une geôle au fin fond de la Sibérie. La nouvelle plainte de l'État contre l'homme d'affaires a été annoncée quelques jours après que la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg a déclaré recevable la plainte des anciens actionnaires de Ioukos contre l'État russe.l'ex-patron confiantLes procureurs chargés du futur procès accusent Mikhaïl Khodorkovski et son partenaire Platon Lebedev d'avoir détourné pour 25 milliards de dollars de pétrole et d'avoir blanchi pour 7,5 milliards desdits profits. Les deux hommes sont aussi poursuivis pour une « conspiration » avec d'autres actionnaires de Ioukos dans une escroquerie sur les actions d'Eastern Oil Co, un pétrolier contrôlé par Ioukos. La justice russe se donne ainsi les moyens de prolonger la détention des deux hommes bien au-delà de 2011, terme de la peine qu'ils purgent actuellement : selon ses avocats, l'ancien milliardaire, âgé de 45 ans, risquerait désormais une peine de prison de vingt-deux ans. Mais l'ex-patron du groupe pétrolier se veut confiant : hier, il estimait que la Russie a été le théâtre de « changements institutionnels positifs », et que son procès ne serait pas « inintéressant ».L'affaire Ioukos avait permis au Kremlin de renationaliser à peu de frais en 2003 les actifs du pétrolier (à l'époque no 1 russe en capitalisation en en production). Du même coup, le Kremlin se débarrassait d'un oligarque influent, indocile et principal soutien financier de l'opposition. L'affaire a aussi durablement vassalisé les autres oligarques russes, tout en dégradant l'image du pays auprès de la communauté d'affaires internationale.Les échos continuent de se faire entendre hors des frontières russes puisque la décision, mercredi, de la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg de considérer recevables plusieurs plaintes des actionnaires du pétrolier défunt Ioukos contre l'État russe risque de coûter cher à Moscou. Les plaignants demandent réparation à hauteur de 34 milliards de dollars, de loin la plus grosse somme jamais exigée à Strasbourg. Moscou s'inquiète des conséquences politiques ainsi qu'envers la réputation de la Russie. En revanche, la perspective de dédommagements matériels apparaît peu probable étant donné que Ioukos n'existe plus.Emmanuel Grynszpan,à Moscou
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