Geithner à Pékin  : ne lâchez pas le dollar  !

On espérait que, pour sa première visite à Pékin, le secrétaire d'État au Trésor, Tim Geithner, allait habilement ?uvrer pour obtenir une franche réévaluation du yuan. N'avait-il pas, peu après sa prise de fonctions, affirmé haut et fort que « le président Obama pense que la Chine manipule sa devise ? » Voilà qui augurait au moins d'un peu de fermeté. Las ! Une fois de plus, le sujet aura été fort peu abordé : après avoir été totalement éludée lors du sommet du G20 le 2 avril à Londres, la question de la parité du yuan a été noyée sous des considérations générales sur le nécessaire rééquilibrage de l'économie mondiale. Entendez, des encouragements à ce que Pékin mette sur pied un système de protection sociale digne de ce nom, afin que les Chinois cessent d'épargner et se mettent à leur tour à consommer. Mais la nécessité de mettre un terme au lien fixe qui lie le yuan à un panier de monnaies, question décisive pour la sortie de crise, n'aura pas pesé bien lourd dans la visite diplomatique. Il est vrai que le rapport de force était particulièrement peu favorable à l'émissaire de Washington : avec le décrochage de près de 11 % du dollar contre les monnaies de ses principaux partenaires commerciaux, les attaques répétées contre la monnaie de réserve mondiale par de hauts responsables chinois mais aussi russes, et enfin la brutale remontée des taux à 10 ans sur les obligations d'État américaines alors que le déficit du budget fédéral devrait exploser à près de 13 % du PIB cette année et que les emprunts d'État seront en 2009 quatre fois plus élevés qu'en 2008, tout concourt aujourd'hui à faire douter de l'avenir du dollar. Accueilli par des étudiants railleurs à l'université de Pékin à qui il assurait que « les actifs chinois libellés en dollars sont en sécurit頻, Geithner aura été continuellement sur la défensive. Et, in fine, il sera surtout venu pour s'assurer que les Chinois continueront à acheter du papier américain en donnant des assurances sur la volonté de Barack Obama de revenir à des finances publiques plus équilibrées dès la sortie de crise. En clair, tout dans cet exercice mi-diplomatique, mi-médiatique, disait l'extrême dépendance de l'économie américaine vis-à-vis d'un créancier dont elle ne peut plus se passer. Même sa manière de répéter, comme pour se rassurer, que « la Chine a confiance dans l'économie américaine » exprimait ce malaise. « Ne lâchez pas le dollar » est venu implorer l'homme d'Obama. [email protected] Valérie Segond
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.