Le dollar au plus bas de l'année

Tim Geithner, le secrétaire au Trésor américain, le sait : il a tout intérêt à caresser la Chine dans le sens du poil lors de sa visite de deux jours dans l'empire du Milieu entamée hier. Il a bien compris qu'il ne faut pas répéter les erreurs stratégiques des débuts du mandat de l'administration Obama où le président avait accusé les autorités de Pékin de manipuler leur monnaie. Tout au plus a-t-il réclamé plus de flexibilité sur le taux de change du yuan au premier créancier mondial des États-Unis. Car ce n'est pas le moment de jouer avec le feu, la contestation contre l'hégémonie du dollar étant montée d'un cran depuis la réunion du G20, au moment où le billet vert bat à nouveau de l'aile. Il est tombé à son plus bas niveau de l'année face à l'euro hier, à plus de 1,4310, au terme de la plus forte reprise sur trois mois de la monnaie unique depuis sept ans, tandis que son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis affichait un repli de plus de 11 %. Le dollar fait les frais du retour du goût du risque, après avoir longtemps joué le rôle de valeur refuge. Goût du risque qui s'est alimenté hier à l'annonce de l'intention de la banque Morgan Stanley de rembourser avant la fin du mois les 10 milliards de dollars d'aide publique reçus l'automne dernier.Le billet vert cumule en outre une gamme exceptionnelle de handicaps, ceux-là mêmes qui ont présidé à toutes ses périodes de faiblesse. À commencer par celle de l'an dernier, qui l'avait vu chuter à un plancher historique de 1,6038 pour 1 euro, le 15 juillet dernier.Premier de ces handicaps : le dollar est assorti de rendements lilliputiens depuis que la Réserve fédérale a ramené le loyer de l'argent dans une fourchette de 0 % à 0,25 % depuis le 16 décembre dernier. Ensuite, les dérapages budgétaires de la première puissance économique mondiale donnent des frissons aux détenteurs de dollars. L'énormité de la dette publique, qui pourrait atteindre près de 13 % du PIB cette année, joue un rôle d'épouvantail aux yeux des investisseurs.Il existe néanmoins deux forces de rappel puissantes. D'abord, l'économie américaine devrait émerger de la récession plus vite que celles de ses partenaires, peut-être même dès l'été. Ensuite l'Oncle Sam n'est pas seul englué dans les taux zéro et la dette en croissance exponentielle. D'autant qu'Obama s'est engagé à ramener le déficit à 3 % du PIB aussi vite que possible. Enfin, la prime de risque supplémentaire qu'exigent les investisseurs pour détenir du dollar est en train de se reconstituer sur le long terme puisque les rendements à 10 ans entre l'Allemagne et les États-Unis font désormais pratiquement jeu égal, à respectivement 3,65 % et 3,61 % hier. Le différentiel pourrait rapidement devenir favorable au dollar, ce qui par le passé a toujours été synonyme d'afflux de capitaux vers les actifs libellés en dollars. C'est ce qui permet à la banque UBS, numéro deux mondial des transactions de changes, d'annoncer que « la reprise de l'euro face au dollar est entrée dans sa phase finale ».
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