L'élysée démine la réforme du lycée

Consensuel. Ce pourrait être le maître mot des préconisations sur le lycée qu'a remises hier Richard Descoings au président de la République, une semaine après la publication du rapport parlementaire Apparu. Le directeur de Sciences po avait été chargé en janvier d'« élargir le débat » sur le lycée après que le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, a été contraint d'abandonner sa réforme contestée de la classe de seconde. Le choix de Richard Descoings n'est pas anodin. Régulièrement cité pour devenir ministre de l'Éducation nationale depuis 2004, il a décloisonné Sciences po en nouant en 2001 des conventions avec des lycées ZEP. Pour mener à bien sa mission et donner la parole au « terrain », il a visité au pas de charge 80 lycées et ouvert un blog.Pour autant, ce foisonnement de contributions a donné lieu à des propositions peu révolutionnaires, « toutes consensuelles ». Même s'il n'y a pas de consensus total sur le lycée en France, « la réforme n'ira pas à l'encontre d'une majorit頻, a déclaré, tel un politique, Charles Dacquay, élève en première professionnelle au lycée de Saint-Lô et membre de la délégation de lycéens de Basse-Normandie. éteindre l'incendieMais c'est peut-être la clef de la réussite. Richard Descoings, nommé aussi pour éteindre un éventuel incendie « jeunes » en janvier, est là pour déminer le terrain, sous le contrôle de l'Élysée. Du reste, le ministre en place, Xavier Darcos, ne s'est pas attardé, hier, à l'Élysée. Les préconisations du rapport Descoings répondent donc au diagnostic dressé par Nicolas Sarkozy lors de son discours de Saint-Lô, le 22 janvier : la suprématie du bac S, le déséquilibre entre filières, les choix par défaut?Richard Descoings prône ainsi une revalorisation des voies technologiques et professionnelles. « On ne parle toujours que de la voie générale alors que 40 % des lycéens sont en bac professionnel », a-t-il dénoncé à sa sortie de l'Élysée, jugeant aussi « insupportables » les différences de traitement entre les voies générale et technologique. Stigmatisant le choix du tout-tertiaire, il a notamment pointé le manque de rénovation de la filière STI (sciences technologies industrielles) : « Il faut former les cadres intermédiaires de l'industrie et pas seulement les ingénieurs ! » Au sein même de la voie générale, il prône une revalorisation de la voie L (la filière ES est jugée satisfaisante), délaissée par les garçons, et le rééquilibrage des coefficients du bac. Amélioration de l'orientation (partenariats avec l'enseignement supérieur, classes passerelles, réorientations en cours d'année, stages en entreprise?) et de l'apprentissage oral des langues, rénovation des enseignements (formation à la prise de parole?) et des modes d'évaluation, développement des temps d'accompagnement sont les axes centraux du rapport Descoings. À plus long terme, ce dernier propose une véritable « refondation » du lycée. En attendant, un grand débat national est prévu en septembre avant une entrée en application progressive à la rentrée 2010. Année qui pourrait voir 18.000 postes supprimés dans l'Éducation nationale. « Le président s'est engagé à maintenir les moyens et le taux d'encadrement. C'est un message fort », se rassure Richard Descoings.
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