Les étudiants chinois inquiets pour leur avenir professionnel

chineCao Meng boit lentement son thé glacé, le visage serein. Dans quelques semaines s'achèvera son cursus de quatre années à l'Université de commerce international et d'économie de Pékin. Pourtant, la jeune étudiante ne ressent ni crainte ni nervosité. Pour cause : elle travaille depuis une semaine dans une entreprise privée chinoise. À 23 ans, son nouvel emploi de superviseur de réseau Internet lui assure un revenu mensuel de 2.500 yuans (260 euros). « Ce salaire n'est pas très élevé car je pourrais gagner au moins 3.500 yuans avec mon diplôme mais il est déjà bien meilleur que les 500 yuans que je recevais jusqu'alors en tant que stagiaire à mi-temps dans un magazine économique. Et puis cela n'a pas été facile de décrocher ce poste. » L'un de ses professeurs a proposé deux élèves de sa classe à son entreprise. Une série d'entretiens a été organisée pour une vingtaine de candidats sélectionnés, et un seul poste a été attribué. La jeune femme se dit chanceuse car les perspectives d'emploi en Chine ne sont guère alléchantes. « Normalement, les diplômés de mon département trouvent aisément du travail, mais cette année les embauches se raréfient, poursuit-elle. Les quatre grandes entreprises internationales d'audit installées en Chine engageaient ces dernières années vingt élèves de notre département ; elles n'ont pris que dix d'entre nous cette année. »Le marché du travail s'est radicalement compliqué pour les jeunes diplômés chinois. Selon l'Académie chinoise des sciences sociales, 1,5 million de jeunes diplômés n'avaient toujours pas trouvé d'emploi à la fin 2008, soit un taux de chômage de 12 %. Le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale a annoncé que seul 0,3 % des diplômés chinois de 2007 aurait monté leur propre entreprise contre un chiffre proche de 40 % dans les pays développés. La promotion de Cao Meng ne s'annonce guère mieux lotie : sur les 6,11 millions de futurs diplômés, 1 million n'aurait pas encore d'emploi assuré, soit un taux de 16 %. Et, désormais, les grandes universités ne sont plus épargnées.Trop-plein de diplômésLa crise internationale n'a pas évité la Chine. Elle a entraîné une réduction de l'activité économique nationale mais surtout un ralentissement des moyens des multinationales installées dans le pays. Leur développement mis en latence, elles embauchent moins que les années précédentes. Les difficultés des étudiants ne datent pourtant pas du ralentissement mondial. Dès 2006, alors que l'économie chinoise progressait de 11,9 %, le porte-parole du ministère de l'Éducation faisait part de son inquiétude suite à l'explosion du nombre de diplômés. « Il y en aura 4,95 millions à la fin 2007, soit 820.000 de plus qu'à la fin 2006, ce qui augmentera forcément la pression sur le marché de l'emploi. Il pourrait y avoir plus de 1 million de diplômés au chômage à la fin de l'année. » Loin de ralentir, cette tendance s'est accélérée puisque, depuis l'été 2006, le nombre de diplômés a augmenté de 47 %. Afin de limiter les plaintes des étudiants, les autorités multiplient les mesures de facilitation d'embauche des jeunes récemment sortis de l'université.Pourtant, depuis la dernière grave crise de ce type en 1989, le contexte et la perception des étudiants a bien changé. « Le gouvernement prend des mesures, il essaie d'encourager notre embauche mais il ne peut pas faire grand-chose de plus car les entreprises décident en fin de compte », explique Fan Rong, 24 ans, et ancien étudiant en sociologie à Tsinghua, l'une des universités les plus réputées du pays. L'apparition des entreprises étrangères et des entreprises privées, qui emploient respectivement 25 millions et 120 millions de personnes, a en effet radicalement changé la perspective de l'emploi en Chine. Les étudiants ne rendent donc pas l'État responsable de la situation actuelle. Le gouvernement peut souffler. n0,3 % des diplômés chinois de 2007 aurait monté leur propre entreprise contre 40 % dans les pays développés.
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