La place de Paris est victime « ? de son hostilité aux hedge funds ? »

La place de Paris victime de ses propres contradictions ? Telle est l'opinion de Xavier Rolet, le Français qui dirige la Bourse de Londres depuis deux mois. Dans un entretien à « La Tribune », il estime que l'annonce par Nyse-Euronext, la place boursière paneuropéenne, de la délocalisation de ses serveurs informatiques dans la banlieue londonienne, est la conséquence de l'hostilité des autorités françaises vis-à-vis de la gestion alternative. Il souligne que les MTF, ces nouvelles plates-formes d'échanges d'actions, concurrentes des Bourses traditionnelles, se sont toutes installées à Londres parce que c'est là qu'opèrent les plus grands fonds. Or l'objectif d'Euronext est de permettre à ses gros clients ? notamment les hedge funds et les arbitragistes ? de gagner quelques millisecondes à chaque passage d'ordre, ce qui implique que le système informatique leur soit le plus proche possible. La décision de Nyse-Euronext était dans ce contexte tout simplement inévitable. « Si la gestion alternative, les hedge funds et les arbitragistes étaient les bienvenus en France, la place de Paris n'aurait pas ce problème », estime-t-il.Pour Xavier Rolet, la proposition de directive européenne sur les fonds alternatifs, actuellement en négociation à Bruxelles, est symptomatique du malaise français. « Cette initiative, très malvenue et très ignorante du fonctionnement des marchés, est perçue ici comme un missile destiné à affaiblir la City. Or elle fera beaucoup de mal à l'Europe si elle est adoptée. L'activité ne restera pas en Europe, elle ira ailleurs. Ce serait un but contre notre camp. »Paradoxalement, si la décision d'Euronext est mal vécue à Paris, elle ne suffit pas à rasséréner la City. Suite à la crise, la place financière britannique est attaquée politiquement, une véritable volte-face de la part du gouvernement britannique. Downing Street a annoncé récemment une hausse des impôts sur les plus hauts salaires (un taux marginal de 50 % au-dessus de 150.000 livres), une décision « qui n'aide pas », reconnaît Xavier Rolet. Peter Levene, le président de Lloyd's, le géant de l'assurance, s'inquiète des « mauvaises nouvelles » sur le front fiscal. De plus, l'autorité de régulation financière, la FSA, a durci le ton et scrute avec beaucoup plus d'attention les activités des institutions financières. nouvel avertissementMais le patron de la Bourse de Londres avertit encore une fois : « Si les hedge funds partent, ce sera pour aller à Singapour ou Zurich, pas à Paris. » Cet argument est de plus en plus utilisé à Londres pour lutter contre le projet de directive européenne. James Ford, de la chambre de commerce de Londres, prévient, dans un texte publié dans le « Financial Times » : « Les financiers et les autorités françaises devraient faire attention à ne pas placer leurs espoirs dans le tsunami de régulations financières proposé par l'Union européenne. [?] Ces mesures restrictives et protectionnistes bénéficieraient à des centres qui ne sont pas dans la zone euro, comme New York, Zurich et Genève, qui devancent déjà Paris. » n
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