Alain Dinin, l'homme qui venait du froidToute une vie dans l...

Alain Dinin, l'homme qui venait du froidToute une vie dans l'immobilier peut-elle se résumer à un simple « concours de circonstances » ? L'histoire d'Alain Dinin, qui dirige le premier promoteur immobilier intégré français (2,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires) en témoigne. Ce « Ch'ti », fils d'immigrés russes, passe une partie de son enfance à Dunkerque. Fils d'un représentant commercial en matériel frigorifique qui meurt jeune, il doit cumuler ses cours à l'École supérieure de commerce de Lille avec un travail pour faire vivre sa famille : « Je prends la carte de VRP et je vends des frigos pour une marque prestigieuse, Frigidaire. Je fais du porte-à-porte », raconte-t-il. Un temps contrôleur de gestion dans une filiale du Crédit Lyonnais, il entre « par hasard » dans l'immo­bilier, en l'occurrence l'entreprise de la famille Arnault, Férinel (ex-Ferret Savinel), spécialiste de la promotion immobilière de loisirs. Alain Dinin rappelle volontiers cet épisode clé de sa vie : « Je voulais être chef comptable aux 3 Suisses et j'ai fait un test de graphologie : on m'a dit que je n'étais pas capable de diriger du personnel? Et puis il y avait cette petite annonce pour Féri­nel : je me suis dit pourquoi pas ? Et là j'ai rencontré un personnage avec qui j'ai travaillé pendant dix-huit ans, qui m'a séduit et amené au métier : Michel Lefeb- vre, aujourd'hui disparu. C'était un personnage d'une exigence telle que pendant les dix-huit ans où j'ai travaillé dans son groupe il m'a amené à courir toujours un peu plus vite. Comme il n'était jamais satisfait et que, de mon côté, j'avais ce sentiment d'imposture qui me poussait à essayer de toujours faire mieux, j'ai couru vraiment vite ! » confie aujourd'hui Alain Dinin. Le groupe Férinel rebaptisé George V s'installe à Paris. Alain Dinin, nommé directeur général, quitte alors en 1995 son pavillon de Marcq-en-Bar?ul (Nord). Ensuite, Bernard Arnault cède le groupe à la CGIS (Compagnie Générale d'Immobilier et de Services), filiale de la Générale des Eaux. Jean-Marie Messier arrive à la tête de la Générale des Eaux et il a besoin d'une équipe. Dinin formera un attelage inattendu avec un jeune inspecteur des finances, Stéphane Richard, devenu depuis son ami : « Les problèmes de la Générale des Eaux étaient extrêmement complexes : 15.000 personnes, un bilan de 60 milliards de francs, beaucoup de pertes à passer. Mais l'équipe que nous formions avec Stéphane Richard et Jean-Louis Charron ? un trio d'origines sociales et culturelles différentes ? s'avère être une équipe fantastique puisque c'est ce qui a permis de créer Nexity aujourd'hui », raconte-t-il. Les trois hommes montent ensemble un LBO et décident de prendre leur destin en main. L'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde et futur pilote de France Télécome;lécom raconte : « Il avait la connaissance vraiment intime de ces métiers de l'immobilier et moi j'avais l'avantage d'appartenir à ce club de dirigeants qu'on trouve un peu partout dans les banques, les administrations, les grandes entreprises. » « C'est un audacieux prudent », dit de lui Stéphane Fouks, le coprésident exécutif d'Euro RSCG Worldwide. « Un qualificatif que j'aime assez », commente Alain Dinin. Une ombre toutefois, l'épisode Vinci dont il fut administrateur et le candidat, un temps, à la succession d'Antoine Zacharias pour évincer son dauphin, Xavier Huillard. « Une erreur personnelle ? dit-il ? qui peut être assimilée à de l'orgueil venant de là d'où je venais. »Tatiana Renard-Barzach
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.