Le yuan, une monnaie manipulée

La Chine est bien décidée à utiliser l'arme ultime du taux de change pour redonner de l'oxygène à son économie. Une manipulation monétaire facilitée par la non-convertibilité du yuan, qui ne circule librement dans aucune économie autre que la Chine.Pour la deuxième séance consécutive, la banque centrale a laissé hier le yuan chuter en bas de la fourchette d'encadrement glissante de 0,5 % autour d'un cours pivot qu'elle fixe quotidiennement. Elle le pilote à l'intérieur de cette marge depuis l'abandon de son arrimage au dollar en juillet 2005 et la mini-réévaluation de 2,1 % qu'elle avait alors consentie par surprise. Résultat : la monnaie de l'ex- empire du Milieu est tombée mardi à un plancher de cinq mois face au dollar, son cours de référence s'établissant à 6,8527. La politique de change de la banque centrale de Pékin s'était déjà insidieusement infléchie depuis le début de l'été. Alors qu'il s'était apprécié de 6,5 % depuis janvier, le yuan s'est mis à faire du surplace : la banque centrale avait mis fin subrepticement à trois ans d'appréciation, avant de le laisser filer depuis le début de la semaine. Même si le stratège change de la première banque chinoise, la Bank of China, estime qu'il faut encore attendre quelques jours avant de pouvoir affirmer que les autorités monétaires ont choisi l'arme de la dévaluation, celle du dernier recours, pour soutenir l'activité. En tout état de cause, elle s'effectuera lentement, mais à terme devrait atteindre au moins 10 % pour restaurer la compétitivité des exportations, si l'on en croit les économistes locaux. Les cours à terme incorporent d'ores et déjà une dépréciation du yuan de 4,5 %, à 7,2125 pour 1 dollar, à l'horizon des six prochains mois.« flexibilit頻 du yuanDe la mi-2005 à l'été dernier, la Chine, accusée, depuis son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en novembre 2001, de disposer d'un avantage compétitif exorbitant du fait de la sous-évaluation de sa monnaie, avait joué le jeu de la coopération internationale. Sous l'effet d'une pression internationale ininterrompue, les communiqués du G7 ? et tout récemment du G20 ? étant systématiquement assortis d'appels à une plus grande « flexibilit頻 du yuan, la Banque de Chine avait laissé sa monnaie s'apprécier de 25 % en trois ans face au dollar. Autant dire que le billet vert est le seul protagoniste du système monétaire international qui compte pour la Chine. Outre qu'il compose la quasi-totalité de ses pharaoniques réserves de changes, de près de 2.000 milliards de dollars, la monnaie américaine est la référence de toute l'Asie du Sud-Est longtemps dollarisée, qui constitue le débouché majeur des exportations chinoises. Grand oublié de la politique de change chinoise, l'euro n'avait cessé de se revaloriser face au yuan depuis juillet 2005, par un simple phénomène mécanique : le dollar baissait plus fort vis-à-vis de la monnaie unique que le yuan ne s'appréciait par rapport au billet vert. Ce n'est que depuis l'été et jusqu'à ce 1er décembre de mauvais augure que la vieille Europe a « gagné au change », mais cette fois encore l'appréciation du yuan face à l'euro ne fait que refléter la reprise du dollar. Preuve est faite, en tout cas, que la Chine entend rester maîtresse de son calendrier. isabelle Croizard++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n Isabelle Croizard++BSF ++
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