Le baril glisse vers les 46 dollars

Pour l'économiste en chef de British Petroleum, Christoph Ruehl, cela ne fait guère de doute. « La demande de pétrole plonge comme une pierre dans l'eau », a-t-il déclaré hier. Et c'est bien ce qui inquiète les traders, alors que les projections concernant la demande de pétrole se font chaque jour un peu plus sombres. Le baril s'est d'ailleurs dirigé vers un nouveau plus-bas depuis 2005 hier matin. Le baril de brut léger européen pour livraison en janvier a coté jusqu'à 46,02 dollars, tandis qu'outre-Atlantique le brut léger coté à Cushing, le WTI, touchait les 47,36 dollars. Une orientation baissière qui ne devrait pas s'inverser de sitôt, si l'on en croit Christoph Ruehl, qui envisage un retournement de tendance d'ici douze à dix-huit mois, lorsque la période de récession se terminera. Un discours relativement pessimiste venant d'une « major », qui semble annoncer de nouveaux gels dans les projets en cours. Chaque jour voit en effet son lot d'investissements annulés ou retardés. Hier, Royal Dutch Shell et Anglo American ont interrompu un projet de transformation de charbon en essence (coal-to-liquid). Le projet portait sur 5 milliards de dollars australiens, soit 3,2 milliards de dollars américains. Ce type de développement, déjà engagé en Afrique du Sud notamment, nécessite des investissements élevés qui ne s'avèrent rentables que si l'essence cote autour des 80 dollars par baril. Sur l'année 2008, le prix moyen du baril de WTI s'établit à 104 dollars. Mais les prix attendus sur 2009 seront nettement plus faibles. Chez Axa IM, Eric Chaney n'exclut pas de voir le baril de pétrole à 30 dollars. Un niveau plancher également évoqué par la Deutsche Bank, et qui a de quoi inquiéter les ténors de l'Opep. Lesquels tentent aujourd'hui de s'abriter derrière un double objectif, qui serait de nature à dynamiser les prix : réduire les stocks dans un premier temps, pour atteindre un prix d'équilibre autour de 75 dollars. niveau plancherLe ministre algérien de l'Énergie, Chakib Khelil, a déclaré hier à l'agence algérienne APS que les stocks de pétrole brut devraient chuter de quatre jours pour que les prix se reprennent. Les stocks actuels représentent 56 jours de consommation. Le week-end dernier, le ministre saoudien du Pétrole avait également évoqué cet objectif de réduction des stocks. Un stock de 52 jours représente le stock moyen constaté sur ces cinq dernières années. La difficulté qu'a aujourd'hui l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à stabiliser l'offre n'est pas nouvelle. En cas de baisse de la demande, l'Opep doit en effet « courir après la demande, qui représente une cible mouvante », selon Michael Widmer à la Société Générale. Ainsi, durant les dernières périodes de réduction des quotas de production, en 1998, 2001 puis 2006, il s'est systématiquement déroulé entre six et huit semaines entre la réduction effective de la production et sa traduction dans les niveaux de stocks. Un phénomène qui s'explique non pas par la lenteur industrielle, mais par le fait que la demande accélère à la baisse en même temps que la production ralentit.
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