Le revers des dettes publiques

chronique pris sur le vifOn le répète ces jours-ci comme un mantra : la crise financière a consacré le retour en grâce de John Meynard Keynes. On ignore ce qu'aurait inspiré cette gloire posthume à l'élégant dandy de Cambridge. Sûrement une de ces répliques acides dont il avait le secret. Car le cliché Keynes se réduit de nos jours à une généreuse politique de dépense publique censée assurer le bien-être futur des administrés. Les États ont déjà dû emprunter massivement pour sauver le système bancaire. Et cela n'est pas fini, avec la construction automobile aux abois et des pans entiers de l'industrie et des services qui vont souffrir de la récession. Sans parler du financement de la protection sociale. C'est bien connu, les emprunts d'État sont solvables puisqu'ils sont assurés par les générations futures. Mais l'énormité des sommes en jeu ? désormais en milliers de milliards de dollars ? a de quoi inquiéter, d'autant que le mouvement ne fait que commencer. Il est vrai que, les taux n'étant pas élevés (voir graphique), c'est une opportunité. Mais cela ne devrait pas durer. Les banquiers alertent sur la difficulté à trouver des créditeurs avec le siphonnage en cours, ce qui pourrait être dommageable pour les émetteurs privés. Ainsi, l'Italie et la Grande-Bretagne ont dû accepter de payer des rendements plus élevés pour placer leurs emprunts, et l'Allemagne a dû renoncer à une émission faute de preneur. Mais la véritable question sous-jacente est de savoir si ces interventions publiques vont venir à bout de la crise. Et, si oui, si cela ne va pas déboucher sur une forte hausse des taux d'intérêt et une envolée de l'inflation. Avec pour conséquence un poids de la dette de plus en plus lourd pour les États, et des emprunts de plus en plus élevés pour les entreprises privées et les consommateurs, freinant le taux de croissance de l'économie. Ce serait le pire des scénarios, mais qui n'est qu'une projection. Comme le disait Keynes : « Ce qui arrive en fin de compte, ce n'est pas l'inévitable mais l'imprévisible. »Les États ont déjà dû emprunter massivement pour sauver le système bancaire. Et cela n'est pas fini.Par Robert Jules, journaliste à «La Tribune.»
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