Les règles imposées aux banques aggraveraient les effets de la crise

« Aux autorités de régulation, je dis ?Où étiez-vous [pendant la crise]? ? Les accords de Bâle II n'ont pas fonctionné. » Cette intervention du patron de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, au Forum de Davos, sonne comme une sentence à l'égard des régulateurs du système bancaire. Dans son viseur : les accords de Bâle II et le fameux ratio « tier one », qui définit la quantité de fonds propres que doivent détenir les banques en fonction du risque que comportent leurs actifs. moins solvablesSelon lui, les autorités se sont contentées d'agir au « coup par coup » depuis l'été 2007 au lieu de travailler à concevoir « une meilleure » supervision financière. Jamie Dimon, comme nombre de banquiers, réclame en filigrane une adaptation des règles de Bâle II au contexte économique actuel. Car le calcul du ratio de solvabilité réglementaire repose largement sur le niveau de risque des créances que détient la banque. Or, lors d'un retournement conjoncturel, les emprunteurs, entreprises comme particuliers, deviennent moins solvables. Du coup, les exigences en capital augmentent? et diminuent d'autant la capacité à octroyer des crédits.En d'autres termes, la réglementation actuelle serait « procyclique », c'est-à-dire qu'elle accentuerait les effets de la crise. « Bâle II ne fait qu'empirer les choses ! », assenait Rafael Repullo, économiste au centre espagnol d'études financières Cemfi, lors d'une conférence organisée par la Banque de France et la Toulouse School of Economics à Paris le 28 janvier. A l'appui, des statistiques de la Banque d'Espagne, illustrant bien le gonflement de la part des fonds propres consacrée au ratio de solvabilité lorsque l'économie ralentit. D'après Nicolas de Germay, le président de l'Association pour le retournement des entreprises, qui regroupe avocats, banquiers et conseils impliqués de manière régulière dans le sauvetage de sociétés, « il faut suspendre les ratios de solvabilité des banques si l'on veut sauver les PME » durant la crise. Une position partagée par un nombre croissant de banques et d'entreprises.Les régulateurs ne restent pas sourds à ces doléances. En avril prochain, un texte visant à améliorer la définition du ratio de solvabilité devrait être présenté au Parlement européen. Alexandre Madde
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