Les banques

Le constat d'échec est patent, mais le statu quo est impossible. Alors que les plans de sauvetage ont, depuis l'automne, déversé des centaines de milliards de dollars d'aide publique aux bilans des banques, force est de constater qu'elles continuent de manquer de capital. La répercussion est immédiate : elles ne distribuent plus de crédit, ce qui ne permet pas de relancer l'économie. Et si les aides d'État se sont jusqu'à présent accompagnées de conditions, notamment sur l'absence de bonus des dirigeants et sur la modération des politiques de dividendes, c'est surtout sur la distribution de crédits que les banques étaient attendues. Or, dans tous les pays, les chiffres montrent que le crédit continue de fléchir. Selon une enquête de la Réserve fédérale américaine publiée lundi soir, 65 % des banques interrogées (53 américaines et 23 étrangères) ont admis avoir durci leurs conditions d'octroi de crédit en janvier.Devant des perspectives économiques noires, dans le monde entier les gouvernements exhortent les banques à ouvrir leurs guichets. Lundi soir, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a reçu les patrons d'établissements financiers, leur demandant de distribuer du crédit ; hier, alors que les sénateurs français réclamaient des comptes aux banquiers (voir ci-dessous), le Kremlin a exigé des banques publiques, qui ont largement profité de la manne de l'État, d'augmenter le volume des crédits aux entreprises de 2 % par mois ; hier également, le Japon a annoncé le renflouement de ses banques par des rachats d'actions, tandis que la Suède a annoncé l'injection de 4,7 milliards d'euros au capital parce que, a estimé le ministre des Finances, Anders Borg, « remettre le marché du crédit est essentiel pour éviter que la conjoncture économique ne se dégrade ».Le premier plan de sauvetage ayant échoué, il est absolument urgent de trouver une solution viable. La première, si elle est peut-être efficace, est coûteuse pour les États, et politiquement discutable : elle consiste à nationaliser les banques, ce qu'un certain nombre de pays sont prêts à avaliser aujourd'hui. La seconde, plus complexe et moins radicale, pourrait peut-être permettre de tourner la page des actifs toxiques une bonne fois pour toutes. C'est l'idée de la « bad bank » (voir ci-contre). Sur ce sujet, des avis diamétralement opposés s'expriment : si le patron de JP Morgan, Jamie Dimon, voit dans ce schéma une porte de sortie, l'analyste Meredith Whitney chez Oppenheimer ou le financier George Soros estiment que cette solution ne permettra pas une relance du crédit. Quant à Giulio Tremonti, ministre des Finances italien, il prône un gel, pendant dix à cinquante ans, des actifs toxiques pour éviter leur circulation.Il reste que, sous la pression des États, les banques sont aussi confrontées à la réalité : une chute de la demande de crédit due à des carnets de commandes des entreprises qui s'effondrent, une part de marché accrue sur le territoire national due au fait que les acteurs étrangers ont reflué voire disparu. Et, « last but not least », la crainte, devant l'obligation de faire du chiffre, de financer des crédits de piètre qualité, alimentant ainsi une nouvelle source de problèmes futurs. n65 % des banques interrogées (53 américaines et 23 étrangères) ont admis avoir durci leurs conditions d'octroi en janvier.
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