Les parlementaires français réclament des comptes

Les banques qui ont largement bénéficié du soutien de l'argent public respectent-elles leurs engagements à l'égard des entreprises et des ménages français ? Les parlementaires sont bien décidés à faire en sorte que la réponse soit positive. D'autant que quatre des six grands réseaux bancaires de l'Hexagone (BNP Paribas, Société Générale, Caisse d'Épargne, Banque Populaire) ont confirmé hier leur intention de souscrire à la deuxième tranche d'aide de l'État. Seul le Crédit Agricole a indiqué qu'il ne souhaitait pas en profiter, tandis que le Crédit Mutuel-CIC réserve sa réponse.Dans ce contexte, l'enjeu est de taille : à elles deux, la Sfef (Société de financement de l'économie française, qui alimente le secteur bancaire en liquidités) et la SPPE (société de prises de participation de l'État, chargée de l'apport de fonds propres ou de quasi-fonds propres) bénéficient de la garantie de l'État à hauteur de 360 milliards d'euros.Hier, les commissions des Finances du Sénat et de l'Assemblée nationale ont donc chacune à leur manière fait pression sur les banques récipiendaires de cette garantie. Les sénateurs ont en particulier exigé plus de transparence. « Les banques ont actuellement un objectif d'évolution d'encours de crédit à l'économie de 3,5 %, mais cela ne veut pas dire grand-chose », souligne Jean Arthuis, le président de la commission des Finances du Sénat. De fait, les banques sont actuellement au-dessus de cet objectif. Si le ralentissement de la croissance des crédits au secteur non financier se confirme, elle conservait encore en décembre un rythme annuel de 8 % (contre 9,3 % un an plus tôt), selon les chiffres de la Banque de France.Mais cette évolution globale est trompeuse selon les sénateurs. D'abord, parce qu'en réalité la seule production de crédits nouveaux a reculé de 8 % sur un an en novembre dernier. Par ailleurs, ces chiffres globaux rassemblent des types de crédits très différents : crédit accordé à une filiale d'un groupe étranger, prêt à une PME ou encore crédit immobilier. « Pour le moment, nous ne disposons pas d'indicateurs véritablement pertinents », conclut Jean Arthuis, qui veut demander un reporting détaillé sur l'évolution de la distribution du crédit « dès les prochaines semaines ». La vigilance s'impose car « la crise peut tout à fait servir d'alibi », renchérit Philippe Marini, le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat. Compte tenu des conditions de financement actuelles, le taux moyen de 4 % auquel la Sfef a jusqu'à maintenant prêté 23 milliards d'euros à treize banques (y compris les filiales bancaires des deux principaux constructeurs automobiles hexagonaux) a en effet de quoi attiser les convoitises.Compte tenu de la méfiance croissante de leur électorat à l'égard des banques, les députés ont, de leur côté, convoqué les dirigeants des six principaux réseaux français afin de leur demander des comptes. Face à la pugnacité des députés, les banquiers ont salué les mesures publiques qui ont fluidifié le marché des liquidités. Ils ont cependant relativisé leur importance au regard de leurs besoins de financement. Le patron de la Société Générale, Frédéric Oudéa, a précisé que les liquidités apportées par l'État représentaient « un quart à 30 % des besoins estimés » de la banque de La Défense. Les banquiers estiment par ailleurs que c'est la chute de la demande de crédits qui est à l'origine du ralentissement de la production de crédits.Ninon Renaud et Sophie Rolland.
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