Pastilles Humex, patchs Nicorette ou comprimés Nurofen : ces médicaments d'automédication (OTC) et 269 autres sont accessibles dans plus d'un tiers des officines « devant le comptoir », au même titre que les compléments alimentaires et autres produits de parapharmacie. C'est le résultat de la réforme du libre accès entrée en vigueur l'été dernier. Mais c'est aussi un motif supplémentaire de querelle entre pharmaciens et industriels du médicament, débattu aujourd'hui sur le salon Pharmagora, réunissant 400 exposants durant trois jours à Paris.L'objet du litige ? L'absence de baisse significative des prix, enjeu affiché de la réforme (lire encadré). « Les prix des médicaments en libre accès ont diminué de 1 à 3 %, alors que nous anticipions une baisse de 10 % », déplore Claude Japhet, président de l'un des trois principaux syndicats de pharmaciens français, l'UNPF. « Nous visions un recul de 5 % au regard des prix pratiqués dans les pays où le libre accès existe », nuance Vincent Cottard, président de l'Afipa, qui regroupe les industriels du secteur.baisse des remisesPharmaciens et laboratoires tiennent des discours radicalement opposés pour expliquer ce bilan mitigé. « Depuis le début de l'année, les prix des fabricants ont augmenté de près de 9 % sur les 300 premiers produits d'OTC », dénonce Claude Japhet. Syndicats et groupements de pharmaciens pointent à l'unisson « la baisse des remises » traditionnellement accordées par les laboratoires. Et de conclure que la réforme coûte cher aux pharmaciens : « 7 à 8 points en moins sur un total de 35 % de marge en moyenne », selon le président délégué de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine, Gilles Bonnefond. Un état des lieux récusé par les industriels : « Seules 40 % des officines sont passées au libre accès en neuf mois, il est normal que l'effet sur les prix soit progressif », juge Vincent Cottard, qui souligne : « en 2008, les tarifs pratiqués par les adhérents de l'Afipa n'ont crû que de 1,6 % sur l'OTC ». Même discours au sein des labos. « Les prix de nos spécialités de marque Maalox (maux d'estomac) sont stables depuis 2007 et nos autres médicaments OTC ont augmenté au maximum de 2 % cette année », selon Pascal Regen, directeur des opérations de médecine générale chez Sanofi-Aventis, dont 23 produits d'OTC sont en libre accès. « Pas de hausse de prix » non plus selon l'américain BMS, qui souligne « la baisse de 2 % en janvier du prix du Fervex », accessible devant le comptoir.L'effet de la réforme sur les volumes de vente est tout aussi discuté. Urgo, qui commercialise la gamme Humex, leader des produits OTC en France, « enregistre une hausse de 20 à 40 % des rotations de produits dans les pharmacies passées au libre accès », indique Bedros Sarkissian, responsable marketing. Le spécialiste de l'homéopathie Boiron se veut optimiste, avec des hausses de « 25 à 30 % » des revenus pour le sédatif PC. Les syndicats de pharmaciens évoquent des volumes « stables ». Les organisateurs de Pharmagora exigent « davantage de communication auprès du grand public » pour assurer le succès de la réforme. 

latribune.fr

17 Avr 2009, 1:41

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