Air France-KLM s'allie avec une low-cost brésilienne

Air France franchit le Rubicon. Hier à São Paulo, la compagnie française a signé un accord de partenariat avec une low-cost, en l'occurrence GOL. Créé en 2001, cet « Easyjet brésilien » est rapidement devenu le deuxième opérateur du pays, juste derrière TAM, avec 46 % du marché. Et il s'est même payé le luxe de racheter, en 2007, l'ancien fleuron national, Varig.Cet accord entre un acteur traditionnel et une low-cost n'est pas tout à fait une première mondiale, car quelques partenariats très discrets de ce type (mais de moindre ampleur) ont été signés dans le passé (United-Virgin Blue en Australie par exemple). Il n'en constitue pas moins un véritable changement de m?urs pour Air France. D'abord parce que la compagnie a souvent répété dans le passé que le modèle low-cost était incompatible avec le sien. Mais aussi parce que l'expression « low-cost » n'est pas en odeur de sainteté au sein du groupe. Sa seule évocation suscite l'agacement de beaucoup en interne, à la fois désorientés par l'essor de ce concept en Europe et exaspérés par les aides publiques dont certaines d'entre elles, comme Ryanair, bénéficient.« Cet accord efface les barrières entre les modèles », reconnaît le président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta. Un partenariat teinté de pragmatisme. Car, au Brésil, Air France n'a pas d'autre choix si elle veut accéder au marché intérieur, au potentiel énorme. Et maintenir à distance son rival Lufthansa. Car le partenaire privilégié d'Air France depuis une dizaine d'années, TAM, a basculé l'an dernier dans le camp adverse en acceptant de rejoindre Lufthansa au sein de Star Alliance.correspondancesDéjà leader sur l'axe Europe-Brésil, Air France-KLM devait donc impérativement trouver une tête de pont pour accéder au marché domestique brésilien, qui continue de croître pendant la crise. Ce sera donc GOL. Desservant São Paulo et Rio de Janeiro au départ de Paris et d'Amsterdam, le groupe tricolore a besoin sur ces portes d'entrée d'un partenaire local pour assurer des correspondances vers les grandes métropoles du Brésil. Grâce à GOL, Air France pourra commercialiser mi-2009 les vols de sa partenaire low-cost au départ de Rio et São Paulo vers treize grandes villes brésiliennes (Belém, Brasilia, Belo Horizonte, Recife, Salvador, Manaus, Porto Alegre, Iguaçu, Campinas, Curitiba, Florianopolis, Fortaleza et Vitoria). D'autres villes pourraient être ajoutées prochainement, notamment ailleurs en Amérique du Sud. La réciprocité des programmes de fidélisation accompagne cet accord également en préparation avec KLM. Des discussions sont aussi en cours avec Alitalia et peut-être Delta, laissant ouverte, à terme, la possibilité d'une entrée de GOL dans l'alliance Skyteam.Cet accord peut-il s'appliquer ailleurs sur la planète ? La question se pose, notamment en Europe où les transporteurs traditionnels perdent pied face aux low-cost sur le trafic de point à point. Et où ils ne maintiennent des vols moyen-courriers que pour transporter des passagers qui prendront ensuite une correspondance long-courrier. Mais l'idée de transférer l'alimentation des hubs aux low-cost aura du mal à passer socialement. Et pas sûr que ces mêmes low-cost soient demandeuses. n
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