L'industrie des jeux vidéo perd de son brio

Le secteur des jeux vidéo a la curieuse réputation d'être défensif, au même titre que l'agroalimentaire. Pourquoi un tel statut ? Parce que jouer au bowling sur sa console Wii permet au consommateur « d'oublier la crise », comme l'écrivait début avril le bureau d'analyse Aurel. Reste que les jeux vidéo ne sont pas un loisir à la portée de toutes les bourses. Et, contrairement aux produits d'un Danone ou d'un Nestlé, les logiciels et consoles de jeux ne constituent pas des biens de première nécessité.En témoigne l'abaissement de son objectif de rentabilité lancé en fin de semaine dernière par Ubisoft. nouvelle générationL'éditeur français de jeux vidéo ne table plus, pour son exercice 2008-2009, que sur une marge opérationnelle courante de 12?%, alors que le groupe espérait la porter à 13?%. Résultat, l'action Ubisoft a accusé la plus forte baisse du SRD, jeudi en séance, perdant jusqu'à 10?%. Un décrochage qui a ramené à 7,7 % la hausse du titre depuis janvier. Et l'action pourrait ne pas être au bout de ses peines, le courtier Deutsche Bank, qui a ramené sa recommandation de « conserver » à « vendre » sur la valeur, prédisant désormais à cette dernière une possible baisse de 20?% du cours, lors des prochains mois.Ubisoft n'est pas le premier groupe du secteur à réviser ses ambitions. Qu'il s'agisse des éditeurs de jeux ou des fabricants de consoles, les avertissements sur résultats sont légion depuis le début de l'année. L'éditeur américain Electronic Arts ne vise plus qu'une croissance de 15?% de son chiffre d'affaires pour 2009, au lieu d'une ambition initiale de 37?%. Du côté des fabricants de consoles, les japonais Sony et Nintendo ont respectivement réduit de 14?% et de 9?% leur objectif d'activité, pour l'exercice en cours.« En dépit de ces avertissements, le marché des jeux vidéo devrait continuer à croître en 2009 », assure le bureau d'analyse Aurel. Une croissance estimée à 10 %, à l'échelle mondiale, par le cabinet PricewaterhouseCoopers. Les raisons de cet optimisme ? D'abord, les baisses de prix auxquelles les constructeurs devraient procéder afin d'écouler leurs consoles actuelles, avant le lancement d'une nouvelle génération de matériel, favoriseront a priori leurs ventes. Ensuite, l'engouement croissant des consommateurs pour les jeux vidéo sur Internet et sur téléphones mobiles profiteront aux éditeurs. Bien positionné sur ces segments dynamiques, le français Gameloft pourrait susciter les convoitises de concurrents, souligne au passage Aurel. Les éditeurs sont d'autant plus susceptibles de poursuivre leur concentration que le coût de développement des jeux vidéo augmente. Au point d'osciller entre 15 et 20 millions d'euros pour un jeu pointu. À défaut de demeurer défensif, le secteur pourrait donc redevenir spéculatif. Christine Lejoux
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