« Il existe peu d'alternatives à l'investissement en actions »

Didier Bouvignies, de rothschild & cie gestionQuels catalyseurs ont permis le vif rebond des marchés ?Sur les deux premiers mois de l'année les marchés ont eu très peur de la déflation, du type de celle de 1929, avec la difficulté de donner un prix à une action et une remise en cause du thermomètre de valorisation. Puis le marché a donné un peu plus de crédit à l'efficacité de la gestion de la crise, notamment aux États-Unis. On retombait ainsi dans un environnement plus connu. Ce qui explique le rebond des valeurs cycliques, qui arrivent loin devant le marché ? lequel affiche une performance nulle sur le semestre. Alors que les valeurs défensives telles GDF-Suez ou Vivendi ont accusé des reculs de l'ordre de 20 %.Quels sont les éléments concrets à l'origine du retournement ?La conjonction de quatre éléments a permis de changer d'état d'esprit : le retournement des indices de confiance ; le soutien des marchés émergents, à l'exemple de la Chine où on observe une nette amélioration ; les mesures non conventionnelles mises en place par les banques centrales, qui ont permis aux marchés monétaires et obligataires de fonctionner ; enfin, les plans de relance qui ont produit leur effet après quelques mois. Tout cela a permis de penser qu'on avait évité le pire.Et aujourd'hui, où en est-on ? Comment va évoluer la Bourse ?En mars, les actions françaises avaient accusé une baisse de 60 % par rapport à leur plus haut et les ratios cours/bénéfices étaient inférieurs à 10, comme dans les années 80. Aujourd'hui on est remonté à 13. Ces niveaux restent attrayants face à des estimations de bénéfices qui ont été révisées en baisse de 50 %. Dans un environnement perturbé, il faut apprendre à naviguer à vue. On ne repart pas dans un cycle haussier en V, comme en 2003, car il reste des inquiétudes sur le taux d'épargne des ménages américains et l'endettement des États. Pour une saine stabilisation, il faut que l'immobilier américain, qui baisse en rythme annualisé de 20 % depuis un an et demi, cesse de plonger et qu'un pilotage fin de la dette des États évite un emballement des taux d'intérêt. Il faudra aussi que les plans de relance redonnent de l'activité. On peut vivre correctement avec un taux de croissance bas. Les marchés ne seront pas nécessairement très haussiers. Mais la moindre aversion au risque et le retour à une certaine normalité justifieraient une progression des indices dans les pays développés.Quelles sont vos recommandations ?Il existe aujourd'hui peu d'alternatives à l'investissement en actions. Les titres offrant des rendements par rapport au cash-flow supérieurs à 10 % sont nombreux dans les télécoms et la pharmacie. Sur les pétrolières et les matières premières, en revanche, nous prenons nos bénéfices. Les obligations crédit, une nouvelle classe d'actifs, restent attractives. Nous avons créé des fonds obligataires à échéance 2013 grand public fin 2008 et avons collecté 500 millions d'euros sur ces fonds, qui gagnent 10 % cette année. Un investissement crédit aujourd'hui n'est plus aussi attrayant qu'en janvier, mais parier sur une probabilité de défaut de 18 % (contre 30 % au plus fort de la crise) cela vaut encore la peine : la prise de risque est nécessaire pour gagner de l'argent.Et les marchés émergents ?Nous sommes aujourd'hui proches du plus haut relatif historique. Les indices émergents gagnent, en moyenne, 35 % depuis le début 2009 : une large partie des bonnes nouvelles est déjà dans les cours.Propos recueillis par Franck Pauly
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