Fruits et légumes : le gouvernement dans l'embarras

La traditionnelle crise d'été du secteur des fruits et légumes prend cette année une nouvelle tournure. Ce n'est pas la surproduction qui provoque la grogne, voire plus, des agriculteurs, ? même si l'équilibre de la filière reste précaire ?, mais l'annonce d'un prochain prélèvement non négligeable sur leurs revenus. Comme l'a déclaré hier au « Parisien » le nouveau ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, ceux-ci devront en effet rembourser une série de subventions versées entre 1992 et 2002. Il s'agissait d'aides décidées par l'État, versées via des offices agricoles. Acceptées dans un premier temps par Bruxelles, car censées être exceptionnelles ? elles étaient attribuées par exemple en fonction d'aléas climatiques ?, elles ont été pérennisées ensuite sans que l'Union européenne en soit informée. Bruxelles les condamne pour atteinte à la concurrence : comme le reconnaissent d'ailleurs les professionnels, ces subventions ont permis de contrer pour partie la concurrence des produits espagnols et portugais, en finançant chaque année des investissements ou des actions de promotion. Après avoir épuisé tous les recours, Paris avait jusqu'au 29 juillet pour faire part à Bruxelles de sa décision ? accepter ou non le principe d'un remboursement ?, sous peine de pénalités. Le gouvernement français a donc décidé de composer avec l'exécutif européen.négociation ardueCompte tenu des intérêts à payer sur les sommes versés indûment, Bruxelles réclamerait 500 millions d'euros, selon les calculs du gouvernement. Devant la polémique naissante, Bruno Le Maire a voulu apaiser le climat, en affirmant à l'AFP que les producteurs « rembourseront moins de 500 millions d'euros ». Il estime que ce total comprend « des aides qui ne sont pas illégales ». Une négociation ardue en vue avec Bruxelles.Et le ministre d'ajouter qu'« aucun producteur dans une situation économique fragile, voire désespérée, n'aura à rembourser ». Compte tenu de la fragilité de la filière, c'est se placer dans une position lourde de contradictions. Comment concilier l'annonce d'un remboursement des aides et l'exonération de tout effort pour les producteurs fragiles, si nombreux ? Selon l'entourage de Bruno Le Maire, de nouvelles mesures d'aides à la filière sont en cours de préparation, notamment en faveur des agriculteurs les plus en difficulté. Au risque de voir ces aides nouvelles également condamnées par Bruxelles dans quelques années?La fragilité des producteurs est avérée. Même si les prix de vente des fruits ont augmenté de 5,3 % en moyenne en 2008 (tandis que ceux des légumes baissaient légèrement, de 1,2 %), les revenus des agriculteurs se sont littéralement effondrés. Les maraîchers ont subi une baisse de 15,2 % de leurs revenus nets l'an dernier, selon les services statistiques du ministère de l'Agriculture, tandis que les producteurs de fruits arboricoles ont, eux, constaté une chute de 37,3 %? Des difficultés constantes liées à une production en baisse (? 21 % pour la tomate depuis 1998), et à des coûts croissants.Voilà pourquoi les syndicats d'agriculteurs refusent d'envisager toute procédure de remboursement, même si Bruno Le Maire leur promet un étalement dans le temps. nles syndicats d'agriculteurs refusent d'envisager tout remboursement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.