La France menacée de panne

Peu émettrice de CO2, l'énergie nucléaire est considérée comme un atout d'un point de vue climatique. Ainsi en France où l'État a développé le nucléaire, le niveau de gaz à effet de serre émis par chaque Français est de 6 tonnes par an, contre 10 tonnes pour l'Allemagne, qui produit l'essentiel de son électricité à partir de charbon. Mais le climat n'a que faire de ces subtilités : la production énergétique du pays n'est pas à l'abri des intempéries pour autant. C'est ce qui ressort d'une étude de la mission climat de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui s'est penchée sur l'impact du réchauffement climatique sur la production d'énergie du pays.D'ici à 2099, les températures moyennes en France devraient en effet progresser de 2 à 3,5 degrés. Et la hausse inéluctable des températures poussera la demande d'électricité à la hausse, le recours à la climatisation devenant plus systématique, surtout dans le sud du pays. « La conséquence principale des températures plus élevées tient dans la modification dans les comportements de consommation », estiment les experts de la CDC. La France a plutôt l'habitude de gérer les pics de demande en hiver, lorsque les convecteurs tournent à plein régime.l' éolien affectéCe changement de périodicité risque d'être lourd de conséquences, car le réchauffement s'accompagnera aussi d'une diminution des précipitations, surtout dans le sud du pays. Dans la région Rhône-Alpes, le nombre de jours consécutifs sans pluie risque de passer de 15 jours aujourd'hui, à 20 à 25 jours d'ici à la fin du siècle. Or l'essentiel des barrages produisant l'énergie hydraulique, qui représente la deuxième source d'énergie du pays, avec 10 % de l'électricité produite en 2005, se situent au sud de la Loire. Le réchauffement pourrait aussi poser problème à l'activité des centrales nucléaires : en cas de forte hausse des températures, les centrales, qui puisent puis rejettent l'eau des fleuves pour refroidir leur réacteur, doivent en effet s'interrompre afin de ne pas trop réchauffer les cours d'eau. « La modification de l'étalement de la demande pourrait entraîner des pannes de courant si le pays n'investit pas dans des structures supplémentaires », estime la CDC. Reste à savoir dans quelle direction investir. Car le réchauffement modifiera aussi le vent et l'ensoleillement. La société Climpact travaille actuellement sur l'impact du changement climatique sur les énergies renouvelable, conclut, dans une étude pour l'Ademe, que l'énergie éolienne risque d'être affectée négativement. Non seulement parce que le vent moyen risque de baisser avec le réchauffement, mais aussi parce que les éoliennes doivent être interrompues en cas de vent trop violent. Au total, « la production de l'énergie éolienne pourrait chuter de 10 % en France avec le réchauffement climatique », précise Harilaos Loukos, dirigeant de Climpact.Dans ce contexte, les équipements solaires seraient les grands bénéficiaires de ce réchauffement ; ils devraient même devenir plus rentables grâce à un meilleur ensoleillement du pays. Encore faudrait-il les installer loin des cours d'eau. La carte de la production électrique française est à proximité des grands fleuves, avec une densité particulière dans les vallées du Rhône et de la Seine, ce qui expose le pays en cas d'inondation.
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