La réforme de la recherche bute sur les résistances du CNRS

C'est l'un des chevaux de bataille du président de la République : réformer la recherche française et mettre l'université au c?ur du système, comme il l'a martelé au début de l'année. Depuis, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, dont le budget était débattu hier à l'Assemblée nationale, s'est donc engagé dans la réforme des principaux organismes de recherche.Après l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) en mars, c'était au tour, le 1er juillet, du conseil d'administration du CNRS d'adopter sa réforme. Non sans mal. Estimant le plan stratégique à long terme du CNRS, Horizon 2020, non conforme à sa loi LRU sur l'autonomie des universités de 2007, la ministre de la Recherche, Valérie Pécresse, demande sa révision. L'un des objectifs du ministère est de « mieux faire émerger les disciplines » en découpant le CNRS en huit instituts autonomes, dont les directeurs seraient nommés par le gouvernement. Ce qui a provoqué en juin l'ire des chercheurs qui redoutent un démantèlement de l'organisme, dont ils souhaitent préserver l'indépendance, et son recentrage sur les seules sciences dures. Résultat, la ministre a revu sa copie et assuré que les fameux instituts resteraient internes et les disciplines inchangées.sujets de discordeMais depuis, les chercheurs restent inquiets. Le collectif Sauvons la recherche s'est à nouveau mobilisé à la rentrée. L'éviction, le 1er septembre, de la directrice du département des sciences humaines et sociales (SHS, 50 % du CNRS), Marie-Françoise Courel, a jeté le trouble. Agite aussi les esprits la création de trois commissions au sein du ministère : une mixte paritaire (CNRS et direction générale de la recherche et de l'innovation du ministère) chargée de travailler sur le projet de contrat d'objectif du CNRS 2009-2013 et donc le périmètre des instituts?; deux autres chargées de réfléchir respectivement à la stratégie et la coordination nationales en matière de sciences de la vie (30 % du CNRS) et en matière d'informatique (20 %). Ce qui remet sur le tapis, pour nombre de chercheurs, l'idée d'un retrait à terme de ces disciplines de la tutelle du CNRS. Elles seraient chacune traitées par l'Inserm et l'Inria. « Il est normal que les grandes orientations stratégiques soient fixées par l'État puis traduites en grandes priorités scientifiques par les agences et les organismes de recherche, explique Arnold Migus, le directeur général du CNRS. Comme il y a des recouvrements sur certains sujets entre ces organismes, la question se pose de savoir auquel d'entre eux revient la mission de coordination nationale de la prospective et de la programmation. » Les commissions doivent rendre leurs conclusions ce mois-ci. L'idée, pour le ministère, est de mettre en place la nouvelle stratégie dès la fin du premier trimestre 2009, après retouche éventuelle des décrets d'organisation du CNRS et de l'Inserm. Mais ce n'est pas le seul sujet de discorde. Le gouvernement a aussi décidé de réduire le nombre de tutelles des 1.200 unités mixtes de recherche (UMR), dont une bonne moitié dépend de plus de deux organismes (20 % en ont même plus de quatre). Le nombre de tutelles sera réduit à deux maximum, et l'hébergeur de l'UMR deviendra mandataire de gestion unique. Près de 80 % des UMR étant hébergées par les universités, les chercheurs craignent que, d'ici à 2013, le CNRS (qui, lui, deviendra agent de moyens et opérateur de ses propres laboratoires) se «?désengage?» de 50 % d'entre elles.
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