L'Inde touchée par la crise

Oublié l'argumentaire déployé voici encore quinze jours par le gouvernement indien, selon lequel le pays était à l'abri des retombées de la crise financière internationale. Les pouvoirs publics multiplient désormais les initiatives, alors que les signes de contagion à l'économie indienne se multiplient.Samedi dernier, la banque centrale a procédé à une réduction surprise de ses taux d'intérêt, ramenant de 8 % à 7,5 % l'un de ses principaux taux à court terme. Simultanément, elle a adopté une nouvelle série de mesures techniques pour améliorer la liquidité de l'économie, sérieusement mise à mal par la crise financière internationale.Le Premier ministre, Manmohan Singh, a en effet prévenu : tôt ou tard, « l'économie [indienne] est condamnée à souffrir ». Selon lui, « dans l'économie mondiale intégrée dans laquelle nous vivons, nous ne sommes pas immunisés ». Et Manmohan Singh, dont l'avis est d'autant plus écouté qu'il fut un économiste de premier plan avant d'entrer en politique, de dénoncer le fait que l'Inde se retrouve « victime » d'une crise dont elle n'est en rien responsable.La roupie En chute libreLe ton a donc bien changé par rapport aux propos lénifiants tenus encore tout récemment. Mais les raisons de s'inquiéter se multiplient. La Bourse indienne a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis janvier, la roupie est en chute libre, les banques prêtent de moins en moins aux entreprises? Et ces dernières, qui publient actuellement leurs résultats pour le troisième trimestre, font souvent état de perspectives décevantes. L'économie réelle commence donc bien à être touchée. Les pouvoirs publics évoquent désormais un taux de croissance de l'économie pour cet exercice budgétaire ramené à 7,5 %, voire un peu moins, contre 9 % en moyenne ces dernières années.L'heure est donc à la mobilisation générale. Le chef du gouvernement devait ainsi recevoir hier une imposante délégation de grands patrons pour discuter des remèdes à apporter à la crise, et le ministre des Finances fera de même aujourd'hui avec les patrons des banques publiques.De plus en plus concernée par la crise internationale, l'Inde compte bien faire entendre sa voix dans la recherche de solutions, comme elle y a été fortement invitée lors du sommet Europe-Asie à Pékin. Le Premier ministre, qui se rendra au sommet prévu à Washington le 15 novembre, a déjà fait connaître son point de vue sur les initiatives à prendre. Selon Manmohan Singh, il faut notamment créer une « autorité globale de surveillance » du système financier international et soumettre les agences de notation à un mécanisme de contrôle. Pour enrayer la spirale récessioniste qui menace l'économie mondiale, le Premier ministre indien veut que le FMI et la Banque mondiale prêtent plus généreusement et plus facilement aux pays les plus vulnérables. Et il souhaite tout particulièrement que les institutions financières multilatérales financent des projets d'infrastructure dans les pays en développement, ce qui constituerait selon lui un instrument contracyclique puissant.
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