David Levy : « La nomination du PDG par l'exécutif est rétrograde »

Que pensez-vous de la suppression de la publicité sur France Télévisions ?J'y suis favorable. Cela permettra de mieux s'adresser à tout le public, plutôt que de se concentrer sur les cibles qui intéressent les annonceurs. Mais cela à condition que cette perte soit compensée par un financement sécurisé et approprié. Le financement le plus transparent aurait été une augmentation de la redevance, qui aurait renforcé l'indépendance de France Télévisions. Toutefois, la taxation des opérateurs télécoms et des chaînes privées reflète utilement la réalité de la convergence et sera étudiée de près par d'autres pays à la recherche de nouvelles sources de financement. Cependant, il y a un risque que ce compromis politique conduise à une fragmentation des différentes sources de financement, et donc à fragiliser la sécurité financière à long terme de France Télévisions.Que pensez-vous de la nomination du PDG par l'exécutif ?Cela sera considéré comme rétrograde. En augmentant le contrôle de l'État, cela met en danger l'indépendance vis-à-vis du gouvernement. La plupart des pays occidentaux développés reconnaissent l'importance de l'indépendance éditoriale et managériale de leurs chaînes publiques. Et la nomination du PDG y est donc mise à l'écart de l'arène politique. Un récent rapport commandé par la Banque mondiale sur les bonnes pratiques à suivre dans les pays en voie de développement souligne l'importance de cette séparation. Il est donc regrettable que, alors que la tendance est au renforcement de l'indépendance des chaînes publiques par rapport à l'État, la France paraisse aller dans la direction opposée.Le président Sarkozy estime normal que celui qui finance nomme le dirigeant, comme à la SNCF?Cet argument ne me convainc pas. Les deux tiers du budget de France Télévisions proviennent, via la redevance, des spectateurs plutôt que du budget général de l'État. De plus, le service public transmet des idées, non des marchandises. Il doit informer les citoyens sur les enjeux politiques. Ses journalistes doivent demander des comptes à ceux qui sont au pouvoir, et poser des questions difficiles et souvent dérangeantes aux politiques de tous bords. C'est difficile à faire quand celui qui est le chef ultime de ces journalistes est nommé par l'exécutif. Le gouvernement, plutôt que de chercher à politiser la nomination du PDG, devrait sécuriser le financement à long terme, et accorder une large autonomie opérationnelle et managériale.La capacité à critiquer le gouvernement à l'antenne peut-elle être affectée ?C'est clairement un risque. Le danger le plus évident serait que l'exécutif révoque le PDG en place, ou en nomme un nouveau, en fonction de sa couleur politique. Mais il faut avoir conscience que cette arme, avant même d'être utilisée, peut modifier les comportements. Cette seule éventualité peut parfois avoir un effet paralysant sur les décisions éditoriales et journalistiques.Propos recueillis par J. H.++DBS ++Balise systèmeNePas supprimer++FBS ++
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.