Pertes en série pour les universités américaines

Il y a encore six mois, les fondations privées des universités américaines («?endowment?»), qui brassent pour certaines d'entre elles des dizaines de milliards de dollars, étaient citées en exemple pour leur bonne gestion. Depuis, la crise s'est généralisée et les présidents de facultés ont déchanté. Le fonds de Harvard (HMC), encore à la tête de 37 milliards de dollars l'été dernier, soit peu ou prou l'équivalent du budget de l'enseignement supérieur français en 2008, a déclaré début décembre que son encours avait fondu de 22 % en six mois. le temps presseDeux semaines plus tard, c'est l'université de Yale, basée dans le Connecticut, qui déplorait une perte de 5,9 milliards de dollars au second semestre. Le fonds du Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui gère 10,1 milliards de dollars, devrait quant à lui annoncer une chute de plus de 20 % sur la même période, selon Moody's Investor Service. Il faut dire que les «?endowment?» américains ont rarement investi dans des placements de bon père de famille. Priorité a toujours été donnée aux performances. Sur les dix dernières années, au 30 juin 2008, le fonds de Harvard affichait un rendement flirtant avec les 15?% annuels. Une exception ? Pas du tout. Certains ont même fait mieux, comme le MIT (15,3 %) ou Yale (16,3 %). Bien entendu, de telles statistiques vont de pair avec une prise de risque importante. HMC, par exemple, ne s'est pas contenté d'investir sur le Dow Jones. Son portefeuille contient certes des actions, mais aussi des « junk bonds » (obligations risquées), de l'immobilier, et même des lignes d'investissement dans la sylviculture. HMC, à l'instar de ses confrères, a aussi massivement investi dans le capital-investissement (13 % de ses actifs en 2007). À Yale, comme dans toute université américaine, une part du budget annuel provient de l'«?endowment?». Résultat : le président de la faculté, Richard C. Levin, a indiqué que certains projets, comme l'extension du campus, étaient remis aux calendes grecques en raison des pertes de la fondation. Stanford, qui anticipe des pertes sur son fonds de 17,2 milliards de dollars, prévoit une réduction de son budget de près de 13 % en 2009 et une suppression de 10 % des postes. Selon Bloomberg, David J. Skorton, le président de Cornell (6 milliards de dollars d'encours) dans l'État de New York, aurait décidé le gel des recrutements et des constructions sur le campus jusqu'en mars. Même cause, même effet : les universités de Brown (2,8 milliards de dollars), dans le Rhode Island, et de Californie du Sud (3,7 milliards) s'interdisent toute nouvelle embauche jusqu'à nouvel ordre. Le temps presse donc pour trouver de nouvelles sources de profit. Opportunistes, les universités texanes de Dallas et Houston, de Philadelphie (Pennsylvanie) et de Yale ont déjà entamé les démarches pour investir dans le rachat de dettes d'entreprises proches de la faillite. n
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