Le gouvernement assouplit le recours au chômage technique

Les salariés de l'automobile ou du textile pourront ? si les circonstances le commandent ? être mis au repos forcé plus de la moitié de l'année. Par un arrêté publié samedi au « Journal officiel », le gouvernement a fortement relevé le contingent annuel d'heures indemnisables au titre du chômage partiel, le faisant passer de 600 à 800 heures par an pour l'ensemble des branches professionnelles. Ce contingent est même porté à 1.000 heures par an « pour les industries du textile, de l'habillement et du cuir, pour l'industrie automobile et ses sous-traitants, qui réalisent avec elle au minimum 50 % de leur chiffre d'affaires ainsi que pour le commerce de véhicules automobiles », précise l'arrêté. Dans ces cas précis, et sur la base de 35 heures par semaines, cela correspond à une période de chômage technique autorisé pouvant aller jusqu'à 28 semaines par an (au lieu de 17 depuis 2003).Étant donné les difficultés des entreprises, le gouvernement mise donc sur le chômage technique pour éviter le? chômage. « Il vaut mieux garder un contrat de travail, quitte à travailler moins. Et retrouver son contrat une fois que la crise est passée », expliquait hier sur Europe 1, le ministre du Budget, Eric Woerth. Avec cet arrêté, l'ensemble des annonces faites par Nicolas Sarkozy fin novembre à Valenciennes sur les moyens de faciliter le recours au chômage partiel sont mises en ?uvre.revalorisationMardi dernier, un décret est paru, stipulant que les salariés pourront être contraints à interrompre leur activité pendant 6 semaines consécutives au lieu de 4 précédemment. En contrepartie de ces assouplissements, le taux d'indemnisation du chômage est revalorisé pour passer de 50 % à 60 % de la rémunération brute et l'indemnité horaire brute minimale passe à 6,84 euros (au lieu de 4,42 euros). Cette augmentation de 2,42 euros sera supportée pour la moitié par l'État, via la revalorisation de l'allocation spécifique de chômage partiel qui est versée par les pouvoirs publics à l'entreprise. D'ailleurs, dans le cadre du budget pour 2009, l'enveloppe prévue pour aider les entreprises en chômage technique a été doublée pour se monter à 39 millions d'euros. Si d'aventure ce montant n'était pas suffisant, le gouvernement pourrait puiser dans la dotation de 500 millions d'euros prévue au titre des « politiques actives de l'emploi » du plan de relance examiné à compter de cette semaine par les députésDans l'entourage du secrétaire d'État à l'Emploi, on ne se fait guère d'illusions, puisqu'on estime que « par rapport à un rythme de croisière où le chômage partiel était très peu utilisé, on aura une année 2009 beaucoup plus importante ». Selon l'OCDE, 117.800 salariés ont été au chômage partiel en 2007. Ce chiffre marquait déjà une remontée après une phase de décrue observée depuis le milieu des années 1990. Le ministère du Travail (Dares) a publié en octobre dernier une étude montrant qu'entre 1995 et 2005, le nombre de journées autorisées de chômage technique a fortement diminué. Un mouvement qui valait également pour le nombre d'établissements et de salariés concernés. L'enquête évoque, sur la période, une baisse de 82 % du nombre de salariés couverts par ces autorisations. Cette décrue s'explique d'un côté par l'amélioration de la conjoncture dans la période 1995-2000. À partir des années 2000, la montée en charge de la réduction du temps de travail et son corollaire, c'est-à-dire une plus grande flexibilité dans les entreprises, a restreint le recours au chômage partiel. Le ralentissement brutal de l'activité change la donne. Pour passer ce cap difficile sans recourir aux licenciements économiques, les entreprises multiplient et vont multiplier les mesures de chômage technique (voir ci-contre), en particulier dans l'industrie.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.