Roche entend conserver la palme de l'innovation

« Innovation ». Le mot est revenu une dizaine de fois dans la bouche de Severin Schwan, le nouveau patron de Roche, qui présentait hier pour la première fois les résultats annuels du laboratoire suisse. À l'heure où le secteur pharmaceutique fait face aux pertes de brevets de nombreux médicaments, Roche tient bon : selon le cabinet IMS Health, seules 14 % des ventes sous brevet du groupe sont menacées d'ici à 2012, contre plus de 40 % pour l'ensemble de l'industrie. Seul le Cellcept, utilisé pour éviter les rejets de greffes (2,1 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires, soit 1,4 milliard d'euros), perdra son brevet, en mai 2009 aux États-Unis puis fin 2010 en Europe.Cette relative sécurité n'a pas empêché les résultats 2008 de Roche de décevoir : plombé par les effets de change et l'effondrement (prévu) des ventes de son antigrippal Tamiflu, le laboratoire a publié un chiffre d'affaires en baisse de 1 %, à 45,6 milliards de francs suisses (30,6 milliards d'euros). Son bénéfice net a reculé de 5 % à 10,8 milliards de francs suisses (7,2 milliards d'euros). À la bourse de Zurich, l'action Roche perdait d'ailleurs près de 10 % hier après-midi.Pourtant, hors effets de change et Tamiflu, l'activité de la division pharmacie du groupe (79 % des ventes) a progressé de 10 % l'an dernier. Un rythme deux fois supérieur au marché. Et Roche ne compte pas s'arrêter là : le groupe, qui a dépensé l'an dernier 9 milliards de francs suisse en recherche et développement (R&D) soit 19 % de son chiffre d'affaires contre une moyenne de 15 % dans l'industrie pharmaceutique, entend dépasser la barre des 10 milliards en 2009. Jusqu'à 10 molécules pourraient entrer cette année en phase 3 de développement ? la dernière avant la commercialisation ? contre 12 en 2008. Et le groupe déposera des demandes de mise sur le marché pour six nouvelles indications.une filiale porteuseReste que le dynamisme de Roche repose pour beaucoup sur sa filiale Genentech, qu'il tente depuis plusieurs mois d'acquérir à 100 % (lire encadré). L'an dernier, l'activité de Genentech, spécialisée dans le traitement des cancers (oncologie), a progressé de 11 % hors effets de change, quand les revenus des produits de sa maison mère n'augmentaient que de 3 %. Et les trois premiers médicaments de Roche, qui ont chacun rapporté plus de 5 milliards de francs suisses en 2008 (les anticancéreux Mabthera, Avastin et Herceptin) sont tous des produits Genentech. De quoi faire dire à certains que « Roche dépend davantage de Genentech que le contraire »? Pour cette année, le groupe vise une croissance de ses ventes (hors effets de change) de 5 % et une stagnation de son bénéfice par action.Audrey Tonnelier, à Bâle
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