La BCE s'emploie à guérir le marché monétaire

La pression monte sur la Banque centrale européenne. Non pas qu'il y ait un énorme suspense sur l'évolution du principal taux directeur de la BCE (lire ci-dessous) d'ici au mois de mars. Mais il devient de plus en plus évident qu'il faudra du temps pour normaliser la situation sur les marchés et la communauté financière s'interroge sur les moyens que la BCE a l'intention de mettre en ?uvre.Mardi soir, la Réserve fédérale américaine a pris acte de la gravité de la situation et annoncé qu'elle prolongeait pour six mois, jusqu'au 30 octobre 2009, l'arsenal de mesures « temporaires » mises en place au plus fort de la crise. Prise « à la lumière des tensions persistantes sur de nombreux marchés financiers », la décision va permettre à la banque centrale américaine de prolonger ses programmes de prêts et de continuer à alimenter en liquidités les marchés monétaires et les entreprises (via le CPFF, la facilité de financement des billets de trésorerie). Autre volet de la décision : la Fed a indiqué qu'elle avait prolongé ses lignes de « swaps » (d'échanges) de devises, grâce auxquelles elle offre des lignes de crédits temporaires en dollars à treize autres banques centrales.La BCE, elle, tente tant bien que mal de normaliser la situation sur le marché monétaire. Depuis août 2007, elle gère l'urgence en abreuvant les banques de liquidités. Ces deux dernières semaines, elle est passée à une autre étape. La priorité est désormais d'accélérer le retour à la normale du marché interbancaire. Comment ? « Depuis qu'elle a réélargi le corridor entre ses taux prêteurs et emprunteurs [il devient plus pénalisant pour les banques d'emprunter des fonds auprès de la BCE et moins rémunérateur de les y placer], la BCE a cessé de ponctionner des liquidités dans l'espoir que les banques recommencent à se prêter entre elles », explique Frederik Ducrozet, économiste au Crédit Agricole. Résultat : l'excédent de liquidités exerce une forte pression à la baisse sur l'ensemble des taux interbancaires (Eonia). L'Eonia au jour le jour, habituellement « pilot頻 par le jeu des injections et des retraits de liquidité de la BCE, de façon à rester proche du taux directeur, fluctue ainsi autour de 1,21 % depuis deux semaines. Une situation a priori anormale, sur laquelle les intervenants de marché espèrent avoir plus de précisions aujourd'hui.exercice délicatJusqu'à maintenant, la reprise de l'activité sur le segment interbancaire est très progressive. Les banques ont recommencé à se prêter les unes aux autres et se remettent peu à peu du traumatisme « Lehman ». D'ailleurs, l'écart (ou spread) entre l'Euribor à 3 mois et le swap Eonia de même échéance, considéré comme le meilleur indicateur des problèmes de liquidités du marché monétaire, reste élevé dans l'absolu, mais il se réduit : de 200 points de base début octobre, il est passé à 90 points de base récemment. Ce spread pourrait se réduire beaucoup plus rapidement si la BCE arrive à ses fins. Une simple réduction des liquidités excédentaires ferait en effet mécaniquement remonter les taux Eonia. L'exercice est délicat car, ce faisant, la BCE doit faire attention à ne pas déstabiliser les marchés. Mais, visiblement, le processus est engagé. « Même si cela reste très marginal, la BCE a commencé à retirer un peu de liquidité depuis la semaine dernière, en ne renouvelant que partiellement les opérations de refinancement arrivant à échéance », signale l'économiste du Crédit Agricole.
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