80 % de dette et des décisions difficiles

Évidemment, les experts de Bercy minimisent la question. Le coût de la dette (intérêts à payer) pour le budget de l'État ? En dépit de l'envolée du déficit, et donc de l'endettement, qui grimperait de 6,6 points de PIB cette année, ce poste du budget de l'État n'augmentera pas. Il restera tout de même à 43 milliards d'euros. Et ensuite ? Ensuite? on ne sait pas encore. Pour l'économiste Jacques Delpla, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à Bercy, l'économie française ne sortira pas de la crise avec une dette stabilisée à 78 % du PIB, comme le prévoit désormais Bercy pour 2012 : « L'endettement public atteindra 80 à 100 % du PIB », affirme-t-il. Avec quelles conséquences ?Certains pays peuvent sortir de la spirale de l'endettement par l'inflation. Selon Jacques Delpla, ce sera le cas des États-Unis. En monétisant la dette publique, la banque centrale américaine contribuera à relancer la création monétaire et donc, à terme, la hausse des prix, qui grimperaient jusqu'à une fourchette de 5 à 10 %. Une façon d'effacer l'endettement public : quand les recettes fiscales augmentent de plus de 10 % par an, ce qui serait le cas avec une telle inflation, il est beaucoup plus facile de payer des intérêts correspondant à 2 ou 3 % des sommes empruntées. Chaque année, près de 2 points de dette publique seraient ainsi automatiquement effacés.Le hic, c'est que les traités européens interdisent cette monétisation des créances publiques. Selon Jacques Delpla, la Banque centrale européenne procédera tout de même, indirectement, à des rachats de dette publique. Cela dopera un peu les prix, mais pas dans la proportion américaine.Paupérisation« La seule solution, ce sera donc de couper dans les dépenses », estime l'économiste. « Des gains de productivité importants sont possibles dans l'appareil administratif. » Mais cela ne suffira pas. « La principale piste de baisse des dépenses, il faut la chercher du côté des retraites, dont le coût va augmenter de façon exponentielle. Aux États-Unis, c'est la chute de la Bourse qui fait baisser les pensions. En France, il faudra se résoudre rapidement à porter à 65 ans l'âge de départ en retraite », affirme Jacques Delpla. Avec le risque d'un bond du taux de pauvreté chez les personnes âgées. I. B.
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