L'économie française entre dans l'ère de l'hyperdette

La plus forte récession de l'après-guerre (? 1,5 %) va provoquer des destructions d'emplois massives (350.000, soit 67 % de plus qu'en 1993 !) qui vont faire grimper le chômage et le déficit public, et avec lui la dette (elle progressera de plus de 13 points de PIB sous l'effet de la crise)? mais la situation s'améliorera dès l'année prochaine. Tel est le scénario économique affiché par le gouvernement, qui a présenté hier le deuxième collectif budgétaire (loi de finances rectificative) de l'année. Le dernier ? François Fillon, qui a obtenu l'affichage d'une réduction du déficit de 2010 à 2012, ne veut plus entendre parler d'un nouveau plan de relance, qui plomberait encore les comptes publics.Selon les chiffres présentés par Christine Lagarde et Éric Woerth, le déficit public (État, Sécurité sociale et collectivités locales) atteindrait cette année 5,6 % du PIB après 3,4 % en 2008. Cette dégradation résulte directement de l'effondrement de l'activité avec ses conséquences sur les recettes de l'État et de la Sécurité sociale, mais aussi du coût des mesures de relance. La hausse du déficit s'accompagne d'une explosion de la dette. En 2009, l'endettement public devrait faire un bond à 73,9 % du PIB pour ensuite monter à 77,5 % en 2010. Le rythme de la hausse se ralentirait ensuite mais le ratio dette/PIB est tout de même attendu à 78,3 % en 2011, le reflux n'étant programmé qu'à compter de 2012. Vertigineux, ces chiffres sont néanmoins considérés encore comme trop « optimistes » par certains, dont le socialiste Didier Migaud. Le président de la commission des Finances de l'Assemblée craint que ces chiffres ne doivent « encore être révisés en cours d'année ». Éric Woerth a, pour sa part, voulu dédramatiser. « La dette, c'est du déficit accumulé. Plus le déficit augmente, plus la dette augmente. La question, ce n'est pas tellement la dette, c'est comment sortir de la crise. 60 % du déficit provient de la crise et donc 60 % du déficit se résorbera quand la crise sera passée », soutient le ministre du Budget. Un impact positifPour expliquer le scénario selon lequel le déficit public reviendra dès 2012 dans les clous du Pacte de stabilité (à 2,9 % du PIB), les ministres de Bercy font une distinction entre déficit structurel et déficit de crise. Le second qui est destiné à financer les mesures de relance « présente un caractère ponctuel, temporaire et indispensable », selon Christine Lagarde, la ministre de l'Économie. Estimé à 61,6 milliards d'euros, il disparaîtra une fois la crise passée assure-t-on à Bercy. La sortie de crise aurait lieu rapidement. Bercy le reconnaît, « les exemples passés montrent que les crises bancaires se résorbent lentement ». Mais les experts soulignent l'impact positif des « réactions des politiques monétaires et la coordination internationale de relances budgétaires rapides et massives » qui « devraient contribuer à écourter significativement la durée de cette crise ». Ainsi, dès 2010, la croissance repartirait, certes timidement (1 %), mais elle s'accélérerait en 2011 et 2012 (+ 2,5 % chaque année). Elle serait soutenue par le pouvoir d'achat, dont Bercy pense, désinflation aidant, qu'il progressera même en 2009 (+ 1,4 %), malgré les destructions d'emplois. Dès 2010, les entreprises stabiliseraient en outre leur investissement et cesseraient de supprimer des postes. Et, en 2012, miracle, la dette diminuerait... n Lire page 20 « Emprunts record de l'Agence France Trésor ».
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