Martin Sorrell, le gourou publicitaire, prépare sa succession chez WPP

En presque un quart de siècle, il a progressivement conquis le rôle de vieux sage du monde de la publicité. Chaque parole, chaque prédiction de Martin Sorrell, le patron et fondateur de WPP, est scrutée avec attention ; et il se prive rarement d'une occasion de faire connaître ses analyses macroéconomiques et marketing.Mais un nouveau chapitre est en train de s'ouvrir : Martin Sorrell a désormais commencé à planifier sa succession. L'information a été révélée dans un petit paragraphe enfoui à la page 109 du rapport annuel publié la semaine dernière. Le président de WPP, Philip Lader, révèle que le comité de nomination a discuté « d'une manière totalement franche et hautement spécifique » de la liste de successeurs potentiels, qu'ils soient internes ou externes. La discussion s'est déroulée en partie en présence de Martin Sorrell, et en partie sans lui. Mais le comité prévient qu'il a l'intention de conserver les délibérations « strictement confidentielles ». De plus, WPP indique que Martin Sorrell, âgé de 64 ans, n'a aucunement l'intention de partir à brève échéance.L'information arrive à un moment charnière pour WPP. La semaine dernière, le classement de la revue américaine « Ad Age »  ou « Advertising Age »  a confirmé que WPP est devenu le numéro 1 mondial de la publicité, passant tout juste devant Omnicom en termes de chiffre d'affaires, grâce à l'acquisition l'an dernier de l'agence d'études de marché TNS. Désormais, WPP travaille pour 345 des 500 plus grandes sociétés du classement du magazine « Fortune » et affiche un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de livres (8,4 milliards d'euros).Mais, dans le même temps, les résultats du premier trimestre de WPP se sont révélés très mauvais, avec un chiffre d'affaires à paramètres comparables en recul de 6 %. Martin Sorrell a été obligé de revoir à la baisse ses prévisions pour l'ensemble de 2009 : le chiffre d'affaires devrait baisser d'environ 5 % (« mid-single digit »), deux fois plus qu'envisagé jusqu'alors.La conséquence logique va être une nette réduction du nombre d'employés. Selon plusieurs journaux britanniques, WPP aura supprimé un total de 7.200 emplois d'ici la fin de l'année, soit environ 6 % de la masse salariale. Quasiment la moitié de cet objectif ? 3.500 postes ? a déjà été effectuée au premier trimestre.une seule idée en têteCette crise est l'une des plus sérieuses de WPP depuis que Martin Sorrell a commencé à construire son empire en 1985. Cette année-là, il prend le contrôle de Wire & Plastic Products, une petite entreprise qui fait des paniers de supermarché en métal. L'homme, qui a mené la stratégie d'expansion des frères Saatchi pendant une dizaine d'années, n'a qu'une seule idée en tête : utiliser la structure WPP pour multiplier les acquisitions. En trois ans, il achète 18 petites agences publicitaires. Son premier grand coup est l'OPA hostile en 1987 sur J. Walter Thompson, qui est dix fois plus grosse que WPP. Martin Sorrell continue ensuite sa chasse au gros gibier, avec l'agence de relations publiques Hill and Knowlton, celles de publicité Ogilvy & Mather, Young & Rubicam? Sa course à la taille l'a amené à dominer un monde de la publicité qu'il estime confronté à un changement structurel suite à l'émergence d'Internet. Mais d'ici quelques années, ce ne sera peut-être plus lui qui conduira cette mutation. n le monde de la publicité est confronté à un changement structurel.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.