La City se bat pour éviter un durcissement de la réglementation

À quelques détails près, Stuart Fraser aurait pu tenir le même discours il y a deux ans. Le numéro deux de l'organisme représentant la City, qui préside le puissant comité en charge des politiques de la place financière londonienne, n'en démord pas : « Il ne faut pas plus de régulation financière, mais une meilleure régulation. » La petite phrase, prononcée la semaine dernière lors d'une conférence du Global Policy Institute, un organisme universitaire londonien, n'a pas provoqué la moindre controverse face au parterre de spécialistes de la finance. « Nous sommes contre la régulation européenne », ajoute Stuart Fraser, avant de préciser, dans une tentative de compromis : « Nous acceptons que les standards réglementaires soient définis au niveau européen. »« approche intrusive »Alors que le système bancaire britannique est à peine stabilisé après la tempête de l'automne dernier, les dirigeants de la City ont repris leur travail de lobbyistes. Ian Luder, l'actuel dirigeant élu de la City, appelle régulièrement à une baisse des impôts, avant de s'insurger : « Il faut arrêter de dire du mal des banquiers et passer à un nouveau chapitre, sinon le monde va avancer sans nous. » Michael Mainelli, de l'entreprise de consultants en management Z/Yen, estime de son côté que le « vrai problème est le manque de concurrence entre les banques : imposer plus de réglementation serait une réaction non réfléchie ».Mais ce retour aux bonnes vieilles méthodes de la part des lobbyistes de la City se fait cette fois-ci dans un environnement profondément différent. Si ce discours faisait quasiment l'unanimité avant la crise, le monde politique britannique semble avoir changé. Du moins apparemment. Au plus haut niveau, Gordon Brown, le Premier ministre, a des mots très durs contre les banquiers. Lord Adair Turner, le président de la FSA, le régulateur britannique, promet de son côté qu'il aura « une approche plus intrusive ».Mais derrière ce discours officiel se cache une forte hésitation. Ainsi, John McFall, un député travailliste qui préside l'influent comité parlementaire aux Finances, semble direct : « L'avenir ne sera pas ? light-touch ? [peu réglementé, Ndlr]. » Mais il ajoute aussitôt : « La solution ne se trouve pas au niveau du gouvernement. Une nouvelle législation ne peut pas guérir le secteur financier, mais elle peut le tuer. »baisse des transactionsBref, la City craint que la crise actuelle ne donne lieu à une série de réglementations qui nuisent à sa compétitivité. Pour un universitaire comme Willem Buiter, de la London School of Economics, il n'y a d'ailleurs pas de doute : la City va rétrécir, essentiellement à cause de la baisse des transactions financières internationales. « Les services financiers représentaient 5,5 % du PIB britannique en 1996 et 10,8 % en 2007. Ils vont probablement revenir entre les deux, autour de 7 %. » Les dirigeants de la City espèrent qu'ils arriveront à faire mentir son pronostic.Éric Albert, à Londres« Le vrai problème est le manque de concurrence entre les banques. »
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