Le scrutin allemand dans l'ombre des élections de septembre

Si l'Allemagne est le pays le plus représenté au Parlement européen avec 99 députés, il n'est pas le plus enthousiaste. La campagne s'est déroulée dans une indifférence quasi générale. Pourtant, le scrutin de dimanche est la dernière élection au niveau national avant les élections au Bundestag du 27 septembre. Les partis auraient pu y aiguiser leurs arguments et y mesurer leurs forces. En réalité, comme le souligne Gerd Langguth, professeur de sciences politiques à l'université de Bonn, il est difficile, compte tenu de la très faible participation, de considérer ces élections européennes comme une « répétition générale » des élections fédérales.Si l'on en croit les sondages, la participation pourrait être inférieure aux 43 % enregistrés en 2004. Cette année-là, la CDU et sa s?ur bavaroise la CSU avaient réalisé 44,5 % contre 21,5 % au SPD. Mais un an plus tard, les deux grands partis faisaient jeu quasi égal avec une participation de 78 %. Les sondages montrent également une divergence possible cette année entre les deux scrutins : la CDU-CSU pourrait obtenir 39 % dimanche alors qu'elle n'est créditée que de 35 % pour septembre. Par ailleurs, les élections européennes, ne conduisant pas à la constitution d'un gouvernement, sont de peu d'intérêt dans le jeu complexe et incertain des alliances qui domine la politique allemande. Du coup, pour Gerd Langguth, « les élections régionales sont plus intéressantes, non seulement parce que la participation y est plus élevée, mais aussi parce qu'elles peuvent donner des messages en termes de coalition au niveau fédéral ».Pourquoi un tel désintérêt ? « Jusqu'à la réunification, l'enjeu de la réunification et celui de l'intégration européenne étaient similaires pour des Allemands de l'Ouest qui étaient donc profondément proeuropéens. Depuis 1990, les intérêts nationaux ont nettement repris le dessus et l'insatisfaction gagne du terrain », répond Gerd Langguth. Et la mobilisation ne viendra pas des partis qui se soucient surtout de l'échéance de septembre. D'autant que, comme le fait remarquer le politologue, « un véritable consensus règne entre les deux grands partis sur les sujets européens ».profil basMême la question de l'entrée de la Turquie n'est guère mise en avant. « La CDU, opposée à cette entrée, ne veut pas faire de campagne antiturque en raison de l'importance de la communauté turque en Allemagne et fait profil bas sur le sujet », constate Gerd Langguth. Pas plus d'ailleurs que les têtes de liste, assez peu connues. À une exception cependant, Silvana Koch-Mehrin, tête de liste de la formation libérale FDP : à 38 ans, cette eurodéputée fait figure d'étoile montante de la politique allemande. Il sera donc bien difficile dimanche soir de tirer des conclusions du scrutin européen pour les élections de septembre. Romaric Godin, à Francfort
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