Une campagne engourdie

Les citoyens néerlandais et britanniques ont ouvert le bal hier, en allant élire leurs eurodéputés. Aujourd'hui, c'est au tour des Irlandais et des Tchèques de se rendre aux urnes, les électeurs des 23 autres pays de l'Union européenne allant voter ce week-end : dimanche soir, les 388 millions d'électeurs auront désigné leurs 736 nouveaux représentants au Parlement européen, au terme d'une campagne marquée par l'absence de projet et d'enthousiasme.Car de Varsovie à Rome, de Berlin à Paris, le bilan de la campagne, mesuré par le baromètre de l'observatoire Apco-« La Tribune »-BFM, réalisé par Opinionway, est sans appel : 64 % des citoyens interrogés (en France, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne et Pologne) admettent leur désintérêt pour ce scrutin.« Ce niveau de déception élevé s'explique à la fois par la complexité du mode de scrutin, la méconnaissance qu'ont les électeurs du rôle des eurodéputés, et l'incapacité des partis politiques à sortir du carcan national pour poser les enjeux européens », analyse Bruno Jeanbart, directeur des études chez Opinionway. Car une fois encore, les sujets nationaux ont dominé la campagne. « Une tendance habituelle, nuance Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, mais renforcée cette fois-ci par la crise, qui pousse les électeurs à se replier sur le cadre national. » Il n'est donc pas étonnant que deux personnes sur trois estiment que les candidats ont parlé en priorité des enjeux nationaux. record d'abstentionDe même, 81 % des sondés jugent que la crise économique et les mesures de relance n'ont pas été suffisamment abordées au cours de la campagne. Et seulement 30 % d'entre eux estiment que l'Union européenne a joué la carte de la concertation face à la crise, en tentant d'apporter une réponse commune. Désabusés, les électeurs expriment leurs doutes sur l'efficacité des institutions européennes. Seulement 42 % d'entre eux pensent que le Parlement européen peut avoir une influence dans la gestion de la crise économique actuelle. L'éloignement du Parlement européen n'est pas la seule cause de ce désintérêt. « Il est aussi certain que la faiblesse des institutions européennes au cours des derniers mois explique ces attentes déçues », avance Jean-Dominique Giuliani. Celles-ci devraient très logiquement se traduire par un record d'abstention, aussi bien dans les anciens pays que les nouveaux États membres. « Trente ans après sa mise en place, cette élection européenne ne parvient pas à s'imposer, tant elle donne l'impression d'être un scrutin sans enjeu », relève Bruno Jeanbart.
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