Les défis du nouveau président

L'élection américaine de la nuit dernière aura couronné un long processus démocratique au cours duquel les citoyens américains auront, à leur tour, « sorti les sortants ». Les deux personnalités qui s'opposaient jusqu'à hier soir étaient en effet deux candidats de rupture : un homme jeune, noir, quasiment sans expérience, qui a pourtant révélé un charisme et un leadership hors du commun tout au long de la campagne, et qui a battu à l'arraché l'« héritière » démocrate, Hillary Clinton, lors des primaires. Et un vétéran, couturé par la guerre du Vietnam, personnalité qui a toujours été en marge de son parti pour ses positions atypiques et qui a tout fait pour se distancer de l'« héritage » républicain de George W. Bush.Ce désir de rupture aura créé un engouement tout à fait inhabituel chez des électeurs américains qu'on disait fatigués de la démocratie. À la mi-journée, le taux de participation à la consultation était inhabituellement élevé.La rupture devrait aussi caractériser les premiers mois du nouveau président. L'Amérique achève un cycle qui avait été inauguré par Ronald Reagan, en 1981, brillamment poursuivi par Bill Clinton de 1993 à 2000, et terminé dans le désastre par George Bush fils. Celui-ci, avec un taux de 25 % d'électeurs satisfaits, termine son second mandat à l'un des niveaux les plus bas jamais atteints par un président depuis la Deuxième Guerre mondiale. Juste après le 11 septembre 2001, ce taux atteignait 90 %. C'est dire la détérioration que l'image du président en titre a subie, sous l'effet de la crise économique et des difficultés croissantes rencontrées en Irak.Le nouveau cycle qui commence devra, comme le précédent, commencer par relever l'Amérique. D'abord au plan économique. Mais alors que Reagan avait cassé la bureaucratie, baissé les impôts et déréglementé l'économie avec succès, son lointain successeur devrait s'engager sur une voie diamétralement opposée. Face à cette crise inhabituelle, c'est l'État qui sera en première ligne. Enfilant les habits du pragmatisme, l'administration sortante a déjà commencé à opérer ce tournant à 180 degrés, en sauvant les banques, faisant voter le plan Paulson et recourant à la dépense publique. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche devrait confirmer cette orientation. Sur le plan militaire, le nouveau président s'emploiera à sortir son pays des bourbiers irakien et afghan. Plus généralement, il devra restaurer l'image d'un empire américain, si ternie au cours des deux derniers mandats de Bush. Mais, sur ce plan-là, le nouveau chef de file de la première puissance mondiale peut se rassurer : selon un sondage BVA-Global NR, les citoyens du monde entier déclarent « aimer les États-Unis et « avoir du respect pour ce pays ».
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