Les conditions de financement des pays de la zone euro ont cessé de diverger

Avec la divergence des conditions de financement des différents États de la zone euro, l'idée d'une agence européenne capable d'émettre des euro-obligations représentatives de la dette de l'ensemble des pays de la zone euro est revenue sur le devant de la scène.Si le principe est séduisant, le moins que l'on puisse dire est que le débat a été rouvert au plus mauvais moment. Pour les pays qui, comme l'Allemagne, bénéficient de taux d'intérêt particulièrement bas, il est d'autant moins question de payer pour les « pigs » (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) qu'ils doivent eux aussi gérer des besoins de financement en forte hausse. Surtout, la zone euro repose sur le principe selon lequel il ne peut y avoir de sauvetage d'un pays en difficulté. Comme le répète à l'envi Jean-Claude Trichet, « chaque gouvernement est responsable de sa politique budgétaire ».Un défaut d'un État de la zone euro est-il pour autant envisageable ? Après avoir un moment joué avec l'idée ? sans réellement y croire ?, les marchés reviennent à la raison. En témoigne l'évolution des « spreads intra-zone » : après avoir atteint des sommets, l'écart entre les taux d'intérêt des différents pays de l'UEM et ceux de l'Allemagne (sa dette publique est considérée comme la plus sûre et la plus liquide de la zone) a déjà commencé à se réduire. « En ce qui concerne la Grèce, l'Irlande, l'Italie ou l'Espagne, les marchés ont arrêté de jouer le scénario catastrophe », constate Patrick Jacq, chargé de la stratégie taux d'intérêt chez BNP Paribas. Fondamentalement, la situation n'avait de toute façon rien de catastrophique : à l'exception de la Grèce et de l'Irlande, l'élargissement des spreads avait été largement compensé par la baisse des taux d'intérêt. Et même pour les deux pays les plus durement sanctionnés, l'augmentation de la charge de la dette liée à l'envolée des spreads restait marginale.Risque d'effet dominoS'il est vrai que la BCE n'a pas le droit d'acquérir les instruments de dette émis par les pays membres, le principe du « no bailout » d'un État membre doit être nuancé, rappellent les stratégistes de marché de Natixis. Il est précisé, dans le traité de Maastricht, que « lorsqu'un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison d'événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil [?] peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière communautaire à l'État membre concern頻.Face au risque d'effet domino (voire d'effet Lehman), il y a fort à parier que les autorités de la zone euro invoqueraient ces « événements exceptionnels » si l'un des États membres avait du mal à renouveler sa dette. Sophie Rolland

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