Les entreprises notées triple A, une espèce en voie de disparition

General Electric pourrait bientôt perdre son prestigieux triple A. Cette note, qui témoigne d'une solidité financière hors norme, a été assortie d'une perspective négative par Standard & Poor's (le 18 décembre) et placée sous surveillance par Moody's (le 27 janvier), en raison d'inquiétudes sur la situation de sa filiale de services financiers, GECC. Depuis, l'action GE dévisse. En trois mois, elle a perdu environ 60 % de sa valeur et, mercredi, elle est momentanément tombée sous les 6 dollars pour la première fois depuis 1991. Pour les marchés, c'est tout un symbole. General Electric est notée triple A depuis 1956 ! Seul Exxon Mobil ? autrefois plus connue sous le nom de Standard Oil Trust ? peut se targuer d'une telle solidité financière depuis plus longtemps.En outre, si la note de General Electric venait à être dégradée, il ne resterait plus que quatre entreprises américaines (hors institutions financières) au club très fermé des « triple A » : Automatic Data Processing, Exxon Mobil, Johnson & Johnsonnson et Microsoft. La multinationale fondée par Bill Gates et Paul Allen ? qui a gagné ses lettres de noblesse en septembre 2008 ? est le seul nouveau venu dans l'univers des « triple A » depuis dix ans, mais il s'agit d'une exception. La récession qui frappe les économies développées devrait encore réduire le nombre d'entreprises présentant une telle qualité de crédit.priorité aux actionnairesUn simple coup d'?il dans le rétroviseur donne une idée de l'évolution de la structure financière des entreprises ces dernières années. Au début des années 1980, la plupart des fleurons de l'économie américaine arboraient le prestigieux label. Coca-Cola, AT&Tmp;T, General Motors, Procter & Gamble, Eastman Kodak, IBM, DuPont de Nemours, Kellogg's? En tout, une trentaine d'entreprises (sans compter les institutions financières) pouvaient lever des fonds à des conditions voisines des grands émetteurs souverains.Cet univers s'est peu à peu réduit. Soit à cause du changement de l'environnement économique (mondialisation, nouvelles technologies, etc.). Soit, plus souvent, en raison du changement d'orientation des politiques financières. Désireuses de créer de la valeur pour leurs actionnaires, les entreprises ont peu à peu augmenté leur levier financier. « La priorité a été donnée à la croissance et à la satisfaction des actionnaires, mais souvent aux dépens de la qualité de crédit », indiquent les analystes de Standard & Poor's. La détérioration de la solvabilité financière des entreprises est d'ailleurs un phénomène qui va bien au-delà des seuls « triple A ». Plus de 70 % des notes attribuées par l'agence aux États-Unis appartiennent désormais à la catégorie dite « spéculative », contre 32 % en 1980. En Europe, le constat est le même. Nestlé a perdu son triple A au cours de l'été 2007 et Novartis a dû renoncer au sien au printemps 2008. Seules restent des sociétés qui bénéficient du soutien implicite ou explicite des États, comme la SNCF ou RFF en France ou encore DFS (contrôle aérien) en Allemagne. nInfographie92 mm x 63 mm
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