Les lobbies d'élus se liguent contre les propositions de Balladur

« Il ne faut pas le nier, on va vers une diminution importante du nombre des conseillers régionaux et généraux. Même au sein de notre famille politique, il va falloir convaincre, et les élus devront faire des efforts. » Hier, dans une interview au « Figaro », Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, donnait l'une des clés de la levée de boucliers des élus locaux contre le rapport Balladur depuis quinze jours : l'hostilité de ceux-ci au changement.un recordAu-delà des propositions institutionnelles, le rapport de la mission dirigée par l'ancien Premier ministre bouleverse en effet les habitudes et les intérêts des élus. Comment d'ailleurs pouvait-il en être autrement dans un pays qui compte ? un record en Europe ? près de 600.000 élus locaux petits ou grands ?À preuve, l'une des propositions les plus contestées du rapport est l'instauration d'élus territoriaux qui remplaceraient en 2014 les conseillers généraux et régionaux. Plus que la suppression des cantons issus de la Révolution qui ne correspondent plus à grand-chose en milieu urbain, l'application de cette réforme aboutirait à mettre sur le carreau un certain nombre d'élus puisque, au final, le nombre total d'élus concernés serait moins important qu'aujourd'hui. Comme le remarque l'économiste Jean-Claude Casanova, membre du comité Balladur, sur le site Slate.fr : « On compte en France 4.000 conseillers généraux et 100 présidents de conseil général. De droite, du centre ou de gauche, ils sont puissants au Sénat et à l'Assemblée. Ils ne sont pas prêts à renoncer à leurs fonctions. »En privé, les élus contestent une autre proposition du rapport Balladur qu'ils estiment infondée : la réduction d'un tiers des effectifs maximum dans les exécutifs locaux, adoptée par la mission Balladur à l'instigation du député PS André Vallini. Cette proposition est-elle infondée lorsque certaines intercommunalités ne comptent pas moins de? 40 vice-présidents ? Est-ce vraiment indispensable au bon fonctionnement de la démocratie locale ? D'autant, encore, que les indemnités des élus intercommunaux sont passées de 54 millions d'euros à plus de 130 millions par an. Le cumul des indemnités n'étant pas limité très sévèrement (le plafond est actuellement fixé à 8.100 euros par mois), les élus ont tout intérêt à associer les mandats.Défense de son pré carréFace à la réorganisation territoriale proposée par la mission Balladur, chaque catégorie d'élus s'est également empressée de défendre son pré carré. « Ce n'est pas faire injure à nos élus que de constater que chacun est attaché, avec une parfaite bonne foi d'ailleurs, à l'échelon de représentation qui est le sien », a constaté hier Nicolas Sarkozy, lors de la remise du rapport Balladur.Exemple type : Claude Bartolone, président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, dont les déclarations virulentes depuis plusieurs semaines sont toutes axées sur la défense des départements. Ministre du Travail, mais aussi candidat UMP à la présidence de la région Auvergne, Brice Hortefeux, s'est, lui, illustré uniquement dans la défense de « sa » région. Ce qui lui a valu des propos peu amènes de la part d'Édouard Balladur. P. C.
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