La City menacée par la hausse des impôts

« Voilà un budget qui va soutenir l'économie suisse ! » Ce fut la réaction immédiate de Douglas McWilliams, économiste au Center for Economic and Business Research, lors de la présentation du budget britannique il y a deux mois. Alistair Darling, le chancelier de l'Échiquier, venait d'annoncer que l'impôt sur les salaires de plus de 175.000 euros par an allait passer de 40 % à 50 % en avril 2010. De tels revenus ne concernent que 1 % des contribuables britanniques, mais les financiers de la City sont les premiers concernés. David Butler, fondateur de Kinetic Partners, estime que 25 % des gérants de hedge funds au Royaume-Uni pourraient partir à l'étranger. De plus, ceux qui gagnent plus de 116.000 euros vont perdre une petite déduction fiscale normalement accordée à tous.Incertitude« On en arrive au point où je vais finir par déménager en Suisse », avertit Bob Wigley, ancien président de Merrill Lynch Europe, et auteur d'un récent rapport sur la compétitivité de Londres. Il souligne que le problème ne vient pas tant des décisions prises jusqu'à présent, que de l'incertitude qui règne sur la fiscalité des plus riches. « Le génie est sorti de la bouteille », regrette-il.La hausse surprise, annoncée il y a deux mois, n'est en effet que la dernière d'une série de changements concernant les riches vivant en Grande-Bretagne depuis deux ans. Pendant longtemps, l'une des principales armes de la City a été le statut des « non-domiciliés », ces étrangers, qui vivent en Grande-Bretagne, n'y étaient pas fiscalement domiciliés. Cela leur permettait de ne déclarer que les revenus qu'ils apportaient dans le pays. Ce qu'ils gagnaient hors du Royaume-Uni échappait à tout impôt.Prélèvement forfaitaireMais le gouvernement de Gordon Brown a remis cela en cause en 2008. Désormais, les « non-doms » ont le choix entre payer une somme fixe de 35.000 euros ou payer des impôts sur l'ensemble de leurs revenus. Les quelque 115.000 « non-doms », qui travaillent à 46 % dans la finance, n'ont guère apprécié.Mais, derrière ces signaux alarmistes, rares sont les financiers qui ont décidé de déménager. « C'est compliqué à mettre en ?uvre, reconnaît un gérant de hedge funds installé à Londres, pourtant très en colère contre le nouveau régime fiscal. Mon équipe est basée ici, de même que mes locaux. »C'est dans ce contexte que surgit la directive sur les fonds alternatifs. Une fois encore, beaucoup affirment que cela pourrait provoquer des départs en masse. Mais la décision européenne est encore loin d'être approuvée, et le pire n'est pas certain. Pour l'instant, Londres reste un lieu incontournable pour les gérants. Éric Albert, à Londre
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