Nouvelle perte abyssale pour Lloyds

Grande-BretagneAprès l'apparent retour à la normalité annoncé par HSBC et Barclays, les résultats de Lloyds Banking Group (LBG) hier sont venus rappeler l'ampleur de la crise financière. La banque nationalisée, possédée aujourd'hui à 43 % par l'État britannique, a enregistré une nouvelle perte avant impôt abyssale au premier semestre, à 4 milliards de livres (4,6 milliards d'euros, en excluant un ajustement comptable positif). Lloyds souffre de l'acquisition de HBOS, réalisée dans l'urgence à l'automne en pleine crise. Ses dirigeants avaient cru pouvoir s'offrir à bas prix cette énorme banque, premier prêteur immobilier britannique. Mais le portefeuille de prêts de HBOS était catastrophique.Au premier semestre, LBG a dû passer 13,4 milliards de livres (15,7 milliards d'euros) de provisions pour créances douteuses. À 80 %, cela provient de HBOS. Eric Daniels, le directeur général du groupe ne mâche pas ses mots : « Ce n'était pas un portefeuille raisonnablement construit et équilibré. » Les prêts réalisés par HBOS étaient selon lui beaucoup trop dépendants du marché immobilier et de la conjoncture économique. Néanmoins, il estime que le montant des provisions baissera « significativement » au deuxième semestre. Normalement, les provisions atteignent un pic un à deux ans après le creux de la crise économique, mais Lloyds s'est voulu « particulièrement prudente », en passant dès maintenant la majorité des provisions liées à HBOS.position dominanteMais, si LBG semble avoir rassuré les marchés hier (l'action a gagné presque 10 %), il reste deux problèmes à résoudre. Le premier vient de Bruxelles. La banque, avec l'acquisition de HBOS, domine largement le paysage bancaire britannique, avec le tiers des comptes courants. Neelie Kroes, la commissaire européenne en charge de la concurrence, menace de forcer la banque à mener des « désinvestissements significatifs ». Le deuxième problème porte sur le plan de garantie des actifs toxiques promis par l'État britannique. Si un accord de principe a été passé en mars, les détails sont encore en négociations. LBG voudrait que 260 milliards de livres (305 milliards d'euros) d'actifs soient garantis. En échange, la banque paye des frais et accepte d'éponger une première perte de 25 milliards de livres. Mais cette première perte pourrait être atteinte plus rapidement que prévu. Les trois quarts des provisions passées par LBG au premier semestre, soit environ 10 milliards de livres, viennent de ce portefeuille d'actifs toxiques. À ce rythme-là, les contribuables britanniques risquent de devoir combler une perte dès l'année prochaine. Le gouvernement pourrait donc vouloir renégocier les conditions du plan de garantie.Tant que ces deux problèmes ne seront pas résolus, la banque ne pourra pas tourner la page de la crise. Éric Albert, à Londre
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