Le trading sur le pétrole sous haute surveillance

hydrocarburesMieux encadrer les marchés dérivés sur les hydrocarbures pour modérer la spéculation : le premier dossier de Gary Gensler, nouveau président de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) aux États-Unis, est pour le moins ambitieux. Et la volonté de son dirigeant de se démarquer de ses prédécesseurs est à peine voilée. Là où la même commission de contrôle des marchés à terme concluait, en septembre dernier, à l'absence d'influence de la spéculation sur la fixation des cours du pétrole, les investigations actuelles de la CFTC s'acheminent vers des conclusions très différentes. La CFTC est en train de boucler une large consultation auprès des intervenants financiers et semble déterminée à agir : Gary Gensler a déclaré, il y a quelques jours, que le rôle de son organisation était d'empêcher la « spéculation excessive ».En ligne de mire, les hedge funds. Ce sont d'ailleurs ces fonds spéculatifs qui détiennent l'essentiel de deux ETF (« exchange traded funds ») particulièrement mal vus par la CFTC. Entendu hier par l'autorité de régulation, le responsable de ces ETF, l'United States Oil Fund (USO) et l'United States Natural Gas Fund, a rejeté tout lien entre l'envolée des prix du pétrole et l'activité de ses fonds, qui prennent des positions sur le marché des futures. Mais c'est leur taille qui pose problème. Durant l'hiver dernier, l'USO a détenu jusqu'à un quart des contrats sur le WTI pour une échéance, et l'US Natural Gas représente aujourd'hui 30 % des positions sur le marché du gaz américain. « Des intervenants de cette taille conduisent à des dérèglements des marchés à terme », estime Olivier Jakob, trader de Petromatrix. « Les autres participants risquent en effet de caler leurs interventions non pas sur les fondamentaux du marché, mais sur l'anticipation des mouvements du plus gros intervenant », ajoute le spécialiste.grains de sableLa CFTC pourrait donc finir par interdire à un seul acteur de détenir une position trop importante sur une seule matière première. Actuellement, la seule contrainte est déclarative, à partir du seuil de 30 % sur la majorité des matières premières. L'idée d'une interdiction déplaît à la sphère financière. Selon les banques, les contraintes de la CFTC risqueraient d'introduire des grains de sable sur un marché bien huilé. « L'industrie pétrolière a besoin de contreparties suffisantes pour bien fonctionner ; la gestion du risque est d'autant plus importante que la volatilité a progress頻, confirme de son côté un intervenant industriel. Autre risque évoqué : celui d'un report du trading de pétrole vers des contrées plus laxistes, comme Londres, où se traite le brent de la mer du Nord. Ce que le marché semble anticiper ces jours-ci : alors que les discussions sur une évolution de la réglementation se poursuivent, le brent cotait 74,36 dollars hier, contre 70,98 dollars pour le baril de WTI.
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