Au Brésil, Lula lance la campagne présidentielle

Le président Lula vient d'annoncer une revalorisation de 9,7 % des allocations sociales, le dispositif de la Bourse de la famille (Bolsa Familia), symbole de la politique redistributive de l'ancien métallo devenu président. Officiellement, c'est pour aider les quelque 45 millions de Brésiliens qui en bénéficient à faire face à la crise. En juillet 2008, l'allocation avait ainsi été augmentée de 8 %, et ce, afin de contrer la hausse des prix des denrées alimentaires. En fait, cette augmentation des allocations versées par la Bolsa Familia lance la campagne électorale, pour un scrutin qui aura lieu en octobre 2010. À cette époque, les Brésiliens choisiront le successeur de Lula ainsi que leurs nouveaux députés. Pas étonnant d'ailleurs que Lula ait choisi la Bolsa Familia : c'est grâce au succès de ce programme (initié par son prédécesseur et qu'il a fortement développé ces dernières années) qu'il a été réélu en 2006 à la tête du pays. L'intuition de certains aurait même été confirmée par une étude universitaire, divulguée récemment par la presse et qui a avivé la polémique sur la stratégie électorale du président? Malgré les avancées sociales avérées ? la réduction de la pauvreté a été de 27,7 % au cours du premier mandat de Lula ?, le dispositif, qui conditionne les allocations à la scolarité des enfants des familles pauvres et à la vaccination, est critiqué. Pour son coût. En 2006, il correspondait à 2,5 % du total des dépenses publiques. Aujourd'hui, il coûte l'équivalent de 4 milliards d'euros par an. Et l'augmentation de 9,7 % qui vient d'être décidée se traduira, pour l'État fédéral, par un surcroît de dépenses équivalent à 170 millions d'euros en 2009? Pour contrecarrer les critiques, le président Lula s'est contenté de déclarer que « les personnes qui dénigrent la Bolsa Familia sont des imbéciles, voire des ignorants »? « gros programme social »Le système a d'ailleurs ses supporteurs, tel le sénateur Eduardo Suplicy, l'une des icônes du Parti des travailleurs au pouvoir. Fin avril, à São Paulo, une mission de hauts fonctionnaires, d'intellectuels et de chefs d'entreprise français conduite par l'ex-ministre Christine Boutin l'a rencontré. « La Bolsa Familia est le plus gros programme social au monde », avait-il alors expliqué à ses interlocuteurs tricolores. Et Lula a l'intention d'accroître encore le nombre d'allocataires. Récemment, en effet, le président a annoncé que les SDF tout comme les paysans sans terre pourront solliciter de tels minima sociaux, ce qui devrait porter le nombre de bénéficiaires à plus de 12,5 millions de familles. Les familles dont les revenus se situent en dessous du seuil de pauvreté reçoivent, selon les cas, l'équivalent de 10 à 75 euros par mois. Des allocations supplémentaires sont octroyées en fonction du nombre d'enfants.Ces sommes peuvent paraître dérisoires quand on les compare aux aides prévues par un RSA, mais la Bolsa Familia a effectivement contribué à faire reculer la misère au Brésil, en poursuivant deux objectifs : l'un, à court terme, qui est de transférer directement de l'argent aux nécessiteux, l'autre, qui est de lutter contre la pauvreté à plus long terme en améliorant le « capital humain » (via l'éducation et la santé). Marcelo Solimeo, chef du département économique de l'Association commerciale de São Paulo, évoque ainsi le cercle vertueux déclenché par la mise en ?uvre du dispositif dans le Nordeste et le Nord, les régions les plus démunies du Brésil : « Les millions de foyers qui sont ainsi sortis de la misère absolue se sont mis à consommer, et pas seulement des aliments, ce qui a engendré un boom du commerce local et fait par ailleurs éclore des dizaines de milliers d'emplois. » n
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