De l'impact de la crise sur la vitesse des cargos

Métaphore sans saveur tant elle est utilisée dans le jargon économique, la notion de ralentissement prend tout son sens lorsqu'il s'agit de fret maritime. Sur tous les océans du globe, les bateaux ralentissent. La vitesse moyenne des « capesize », ces bâtiments si gros qu'ils ne peuvent passer ni par le canal de Suez ni par celui de Panama, a fortement chuté depuis cet été. De 10 n?uds en moyenne, les navires ne naviguent plus qu'à 8,48 n?uds*. Selon un indice calculé par Bloomberg. Non pas que les livraisons soient moins urgentes. Mais « pour pallier les baisses de loyers, les armateurs demandent aux navires d'aller le moins vite possible : c'est une façon de faire des économies en consommant moins de carburant », explique Pierre Hordequin, directeur du courtier maritime LSS. Le ralentissement des navires reflète l'effondrement de la rentabilité du secteur. Le loyer quotidien d'un capesize s'est effondré de près de 90 % en quatre mois, passant de 250.000 à 7.952 dollars par jour. surcapacité brutaleDe l'avis de DnB Nor Markets, le seuil de rentabilité est de 6.000 dollars. « Le potentiel de baisse est quasiment épuisé ; seule une prolongation de la baisse du pétrole est de nature à faire encore baisser les prix », avertit Pierre Hordequin. Une nouvelle baisse des tarifs de fret, et les navires, après avoir ralenti, resteront au port. Une hypothèse que n'écartent pas certains armateurs, la brutalité de la crise ayant précipité le marché dans une situation de surcapacité, alors qu'ArcelorMittal et ses pairs annulent purement et simplement les commandes prévues. Le manque de bâtiments, à l'origine de la flambée des tarifs du fret, avait en effet incité les armateurs à commander des nouveaux navires en nombre. On attendait 170 capesize en 2009, puis 340 en 2010. Il en sera autrement : la moitié de ces bateaux n'étant pas encore financés, les acheteurs potentiels ont désormais peu de chances de rassembler les fonds nécessaires. Mardi, l'anglais Genco Shipping & Trading Ltd a préféré s'asseoir sur 53 millions de dollars de dépôt de garantie plutôt que de poursuivre son projet d'acquisition de six bateaux pour un total de 530 millions de dollars.Si la baisse semble arriver à son terme, le secteur du fret maritime n'est pas sorti de l'auberge pour autant. Un risque d'effet domino plane en effet. Ainsi, le défaut de l'anglais Britannia Bulk, qui disposait de plus d'une vingtaine de bateaux, ou de l'ukrainien Industrial Carriers, qui en gérait 55, aura des répercussions inévitables sur leurs partenaires. Le débouclage, demain vendredi, des positions à terme du mois d'octobre, pourrait s'avérer sanglant en raison de la très forte baisse de l'indice de référence sur la période. Le Baltic Dry Index s'est effondré de 28 % sur le mois d'octobre. Aline Robert
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