chronique Pris sur le vifEn France, quand on parle de communautarisme on pense d'abord aux ghettos de nos banlieues. Avec le scandale Madoff, on comprend que c'est peut-être encore un trait de la finance internationale. Dès l'arrestation de l'escroc américain, il apparaît que ses principales victimes se comptent parmi la communauté juive de New York, Palm Beach, Boston, mais aussi Tel-Aviv, Jérusalem, etc. Et pas seulement parmi les fonds ou institutions financières. Le plus spectaculaire est le nombre d'associations éducatives, de fondations caritatives, de yeshiva, ces écoles rabbiniques, ou d'universités, telles que le Technion, l'équivalent du Polytechnique israélien, qui se sont laissées berner par Bernie. Ou plus exactement qui ont fait une confiance aveugle aux talents de leur coreligionnaire. Que cette confiance se soit nouée entre personnes liées par un trait commun n'est pas une nouveauté. En particulier au sein d'une communauté animée d'une même éthique de l'argent, où s'enrichir est un devoir et un moyen de servir Dieu. Lorsque Salomon inaugure le temple, au Xe siècle avant notre ère, il rappelle que le peuple juif ne doit s'enrichir que pour enrichir les autres. Et, lorsque le premier Sanhédrin autorise aux juifs le prêt à intérêt, il précise qu'entre juifs, on doit se prêter sans intérêt. En clair, l'équité et l'honnêteté scrupuleuse devaient prévaloir dans leurs relations d'argent. Madoff aurait-il doublement trahi les siens ? Signe que la communauté s'est émancipée de ses principes fondateurs, ce n'est pas ce qu'on lui reproche à Jérusalem, où l'on pointe plutôt les multiples conflits d'intérêts au sein des conseils d'administration des organisations de charité, et l'absence de diversification de leurs placements. nmadoff a-t-il trahi les principes de la communauté ? À moins que celle-ci n'ait été seulement imprudente ?Par Valérie Segond,grandreporter à « La Tribune ».

latribune.fr

19 Jan 2009, 1:32

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